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Octobre 2001 : retour de l’été.
Les records se ramassent à la pelle.
Le titre de mois d’octobre le plus doux de l’après guerre était jusqu’à présent détenu par celui de 1995 ; au centre départemental Météo France d’Andrézieux-Bouthéon cet octobre 95 avait placé la barre très haut : du haut de ses 15.6° de température moyenne, il reléguait à plus de 1° son dauphin de 1967. Aujourd’hui 1er novembre 2001, le fier octobre 95 vient de perdre son fauteuil, détrôné qu’il est par le dernier né. L’extraordinaire température moyenne d’octobre 2001 surpasse celle de son homonyme de 95. L’écart entre la température moyenne de ces deux octobres est ténu pour les postes de Plaine du Forez, les dernières nuits ayant été relativement fraîches : 0.06° pour Andrézieux, 0.02° à Feurs ; les écarts sont plus importants en fond de vallée : 0.2° à Bully, 0.3° au Breuil ; le record est par ailleurs pulvérisé à Violay qui a connu des nuits d’une étonnante douceur grâce aux hautes pressions de fin de mois : moyenne mensuelle de 13.7° en octobre 95 contre 14.1° pour celui de cette année.
Le centre météorologique d’Andrézieux relève ce mois ci 22 jours à maximum supérieur à 20° ; afin de bien situer cette performance, il est utile de rappeler que juillet 65 en avait compté 21, 20 pour août 63, 19 en juillet 48 et même seulement 18 en août 79.
Si l’on se réfère à la plus ancienne série de température de la région, à savoir celle de St-Genis-Laval débutée en 1881, il apparaît clairement qu’aucun octobre n’a enregistré une température moyenne aussi haute depuis cette date.
Il est en outre frappant de constater que cinq des douze records de température moyenne mensuelle haute se concentrent dans les cinq dernières années : mars et octobre 2001, décembre 2000, mai 1999 et août 1997. Nous venons d’ailleurs d’en vivre trois en moins d’un an.
Il faut en contre partie remonter à 1985 pour déceler le premier mois détenteur d’un record mensuel de basse température moyenne : novembre de cette année reste le plus froid d’entre tous. Les années 1969 à 1974 comportent quant à elles cinq des douze records de température moyenne mensuelle basse : décembre 1969, mars 1971, septembre 1972, avril 1973 et octobre 1974.
Avec toute cette douceur, 2001 est plus que jamais en course pour le challenge d’année la plus douce ; au 31 octobre elle se classe même en première position, devançant d’un cheveu l’actuelle détentrice du titre : 1994.
Mais il manque encore deux mois pour clore l’exercice 2001, deux mois qui peuvent à eux seuls modifier considérablement le bilan thermométrique de l’an ; abandonnons ici les conjectures et revoyons plus en détails le déroulement dans la région de ce second mois d’automne météorologique.
Le soleil plus brûlant qu’en septembre.
Le premier est le jour le plus chaud du mois, à Andrézieux, on n’avait jamais consigné de maximum aussi important un premier octobre et ce depuis au moins celui de 1946, le thermomètre indique en effet 28.1° au meilleur de l’après midi. Ce maximum de 28.1° relevé à Andrézieux est le second plus élevé enregistré un mois d’octobre en 57 ans de mesures ; avec 28.6° c’est le 2 octobre 1971 qui détient le record absolu de chaleur pour un octobre et pour cette station. La chaleur est générale en ce premier du mois comme en témoignent les 29.4° de Feurs, 27° de Bully, 26.5° de St-Symphorien-sur-Coise, 26° de Jas, 24° de Violay, 23.8° de Grammond, 23.7° des Sauvages. La température minimale de ce même jour est elle aussi assez remarquable : 15.5° à Andrézieux soit une moyenne journalière de 21.8° qui constitue un nouveau record de chaleur en ce lieu et pour un premier octobre.
Cinq jours plus tard, un nouveau record de haut maximum est cette fois ci égalé : ce 6 octobre 2001 est en effet aussi torride que son homologue de 1965 ; 26.1° de maxima à Andrézieux, pour ces deux journées.
L’automne semble enfin se montrer le 10 où le petit matin est relativement frais : 6.4° à Violay, 7.3° aux Sauvages, 7.4° au Breuil, 8.5° à Feurs, 8.8° à Andrézieux ; cette poussée de fraîcheur est sans lendemain, bien au contraire puisque deux jours plus tard un puissant courant d’altitude amène de l’air tropical sur le pays. Cet air chaud – il fallait monter à 6000 m d’altitude pour obtenir –10°c ! – glisse sur l’air froid stagnant au sol ; la matinée du vendredi 12 est étonnante : 17° à 5h 30 du matin à Violay, 17° aussi au sommet du Puy de Dôme (alt 1465 m) et moins de 10° en plaine et fonds de vallées… L’air chaud envahit rapidement les plus basses couches de l’atmosphère et le mercure indique des maxima stupéfiants le lendemain samedi 13 : 27.6° à Feurs, 26.6° à Andrézieux où les records de température maxi et moyenne pour un 13 octobre tombent, 26.5° au Breuil ainsi qu’à St-Symphorien-sur-Coise, 25.8° à Bully, 25° à Jas, 23.7° à Grammond, 22.6° à Violay.
Regain de chaleur en fin de période.
La seconde quinzaine débute de manière moins extravagante que la première, on pense même avoir retrouvé un semblant de temps de saison du 23 au 25, où la température ne se situe qu’à 2 ou 3 degrés au dessus de sa valeur normale. Mais l’été respire encore et nous envoie son ultime souffle chaud durant les quatre derniers jours : 22.6° à Feurs, 21.9° à Andrézieux le 28. La journée du 30 est assez singulière : le brouillard enveloppe l’ancienne capitale du Forez jusque vers midi tandis qu’un soleil généreux règne sur les monts depuis le matin ; il s’ensuit une valeur maximale de 20.6° à Feurs contre 20.7° à Violay et Grammond , 21° aux Sauvages , 21.8° à Bully et même 22° à St-Symphorien-sur-Coise. Si l’inversion thermique sur le minimum est fréquente entre Feurs et Violay – une nuit sur trois* –, elle l’est en revanche beaucoup moins sur le maximum – 4% des cas* – , c’est même la première fois cette année qu’elle survient. C’est aussi le 30 que la station automatique NIVOSE sise sur le glacier de Bellecôte en Tarentaise à 3000 m d’altitude, indique 10° au plus chaud de la journée. La dernière journée du mois est tout aussi estivale, on note des maxima de 19° à Violay, 19.5° aux Sauvages, 20° à Jas, 21.5° à Feurs, Andrézieux et St-Symphorien-sur-Coise, 22.8° à Bully, 23.2° au Breuil ; ce mercredi 31 se termine par un très important refroidissement qui débute en fin d’après-midi pour s’achever le lendemain matin. A Violay, la température dégringole de 17° en 17 heures (19° vers 15h et plus que 1.9° le lendemain à 8h) serait-ce le retour de l’automne ?
La pluie n’est pas en reste.
Les champignons sont particulièrement choyés ce mois ci puisque à son extrême douceur est associée une abondante pluviométrie.
Le premier orage se manifeste mercredi 3 et abandonne une lame d’eau assez conséquente : 13 mm à Balbigny, 15 à St-Genis-l’Argentière, 15.3 à Violay, 15.5 à Bully, 16.0 à Montrottier, 16 à Montchal, 16.4 aux Sauvages, 16.5 à Jas, 18 à St-Symphorien-sur-Coise, 18.8 à Andrézieux, 20 pour Feurs, 24.2 à Grammond, 25 à Feurs la Selle. Le week-end suivant est aussi très arrosé, mais le gros de la pluie a la délicatesse de se manifester en soirée et nuit de samedi à dimanche 7 qui restent deux journées relativement bien ensoleillées ; les hauteurs se montent à 32.9 mm à Bully, 29 à St André la Côte, 28 à St-Symphorien-sur-Coise, 26.3 à Violay, 24 à St-Genis-l’Argentière, 22 à Montchal, 21 à Montrottier, 17.2 à Balbigny, 13.2 aux Sauvages, 11.5 à Feurs, 10.8 à Andrézieux.
Le plus important épisode pluvieux de cet octobre est sans conteste celui du samedi 20 où un essaim d’orages remonte de la Vallée du Rhône et s’attarde de midi au soir sur la région. Les abats d’eau sont très conséquents, le pluviomètre indique dimanche à 8h : 51.1 mm à Violay, 42.4 à Andrézieux (troisième plus grande valeur pour un octobre et record pour un 20 octobre), 42 à Montchal, 41.5 à Feurs et 38 à la Selle et à Jas, 35 à St-Symphorien-sur-Coise 33.8 à Bully, 31.7 au Breuil, 31 à Montrottier, 27.8 à Grammond, 25 à Balbigny, 15 à St-André-la-Côte. De la grêle blanchit le sol de Violay vers 20h 30.
Les cumuls mensuels sont de partout largement supérieurs à leur normale : ils varient entre 98.6 mm à Balbigny et 157.2 mm à Violay en passant par 115 à Feurs, 122.7 à Andrézieux, 123 à Feurs la Selle, 128 à Bully et Jas, 130 au Breuil, 132 à Montchal, 138 à St-Symphorien-sur-Coise. Ces valeurs correspondent environ au double de la normale pour un mois d’octobre. On ne compte même que 4 octobres plus humides à Andrézieux depuis 1946 et bon nombre de postes ont déjà atteint à ce jour leur normale annuelle.
* Etude menée sur 2160 journées.
Mes remerciements à Madame Laval (St Genis-l’Argentière), Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St André-la-Côte), Subrin (Le Breuil), Thizy (St Symphorien-sur-Coise), Vernay (Feurs la Selle).
A Violay le 2 novembre 2001.
M. Gagnard
Contact : gagnard@univ-lyon1.fr