Retour au sommaire des articles.

2002 au balcon.

 

Les relevés climatologiques fiables dans la région lyonnaise débutent vers le milieu du XIXème siècle ; depuis cette date, le titre d’année la plus douce était détenu par 1994 pour les postes de plaine et par 1997 pour les localités des monts (Grammond, Violay, les Sauvages…).

Avec une température moyenne annuelle de 12.22°, 2002 est la troisième année la plus douce à St-Etienne Bouthéon derrière 1994 (12.53°), 1997 (12.27°). Cette année se classe même dans cette localité en seconde position en ce qui concerne la moyenne de ses températures minimales : 7.51° en 2002, mais 7.89° en 1994. A Lyon-Bron, les 13.24° de température moyenne annuelle placent 2002 en seconde position derrière 2000 dans la liste des années les plus douces.

A Feurs, 2002 obtient un podium avec 12.38° de moyenne, 2000 reste médaillée d’argent (12.43°), les 12.63° de 1994 demeurent intouchables.

Ce classement diffère quelque peu en montagne, puisque cette dernière année arrache la médaille d’or des années douces à 1997 pour quelques poussières de degrés. 10.38° en 2002 contre 10.34° en 1997 à Violay.

Au niveau national, en tenant compte des relevés des 22 centres régionaux de Météo-France, les bilans sont encore plus radicaux puisque cette seconde année du XXIème siècle se classe en première position dans la liste des années douces.

 

Une année à salades.

Côté pluie, cette année passée apparaît assez singulière ; souvenons nous de fin avril : nous venions d’établir un record de sécheresse sur sept mois consécutifs, certaines communes ligériennes tombaient en pénurie d’eau potable. Les pluies abondantes étaient revenues en mai et l’été s’était déroulé dans une douceur humide. L’automne, plus particulièrement le mois de novembre avaient remis les pluviomètres au vert. Décembre vient de confirmer cette prédominance pluvieuse. Nous relevons en effet pour ce dernier mois des cumuls  importants, dépassant les 100 mm sur les hauteurs. Le poste de St-Etienne Bouthéon se distingue une fois de plus en accrochant un nouveau record pluviométrique : on n’avait jamais vu de décembre aussi pluvieux (96.6 mm pour une normale de 35 mm) depuis au moins celui de 1946. L’année si sèchement commencée se termine donc avec un excédent hydrique élevé en plaine du Forez, particulièrement arrosée lors des orages estivaux, plus modéré sur les hauteurs. Le cumul de décembre précède celui de l’année dans la liste ci-après, l’éventuel nombre entre parenthèses représente en pourcent le rapport à la normale du cumul annuel :

Feurs 79 / 807 mm (120 %), Balbigny 92.5 / 823.1mm (110 %), Andrézieux 96.6 / 875.9 mm (125 %), St-Genis-l’Argentière 92.2 / 880.3 mm (110 %), Le Breuil 65.6 / 773 mm (105 %), Bully 60 / 760.1 mm (105 %), Montchal 108 / 910 mm, les Sauvages 89.8 / 989.5 mm (100 %), St-Symphorien-sur-Coise 105.5 / 993 mm (120 %), Montrottier 103.6 mm (1085.5), St-André-la-Côte 78.5 mm (1042.2), St-Vérand 88.0 mm (923.2), Violay 118 / 1032.9 mm (105 %).

 

Salade verte à Noël.

C’est le 13 décembre qu’apparaît la première gelée sous abri d’automne à St Etienne Bouthéon ; date tardive s’il en est, seule 1994 avait réussi mieux : le 14 décembre. A la station Météo France de Lyon Bron, cette première gelée arrive le 20 décembre et on note ce matin là juste 0.0° de mini. Jamais premier gel aussi tardif n’avait été relevé en ce lieu depuis au moins 1921. D’ailleurs ce zéro lyonnais du 20 décembre reste la seule température négative de cette fin d’année : du jamais vu dans la capitale des Gaules. Certes, le réchauffement anormal des températures minimales dû à l’urbanisation croissante au voisinage des postes de mesures de ces grandes villes joue certainement un rôle non négligeable. Pour la petite histoire, dans mon jardin de Violay (là où l’urbanisme se réduit à quelques murets de pierres sèches), la dernière scarole –non couverte- a été mangée le 26 décembre. Bientôt des fraises pour Noël ?

Le nombre de jours avec gel sous abri est assez révélateur : il n’y en a eu que trente et un à Andrézieux-Bouthéon durant toute cette année, soit moins de la moitié des 74.5 habituels. Le précédent record de faible nombre de jours de gel était jusqu’alors détenu par 1994 avec trente-huit cas. Ce faible nombre jours de gel annuel est d’ailleurs généralisé à toute la région : 37 à Feurs, 40 à Violay, 43 aux Sauvages. Dans cette catégorie, décembre 2002 se distingue avec seulement trois cas à Bouthéon, du jamais vu depuis au moins l’après-guerre. Il n’y a eu qu’un seul jour sans dégel à Bouthéon ainsi qu’au Breuil durant toute l’année civile ; Bully et Feurs en comptent deux chacun et Violay met à mal sa réputation de village de glace avec seulement 3 jours. Ces ridicules nombres ne sont toutefois pas une première puisque 1959 et 1974 n’en avaient pas comporté en plaine ; à l’opposé, l’année 1963 en avait totalisé 38 à Andrézieux à elle seule.

Et la neige ? le comptage des jours de neige fait partie de la tâche de tout observateur météo. Une journée est dite avec neige si quelques flocons sont aperçus, même si ceux-ci ne blanchissent pas le sol. Là encore, le décompte pour 2002 est édifiant : un seul jour avec flocons à Lyon-Bron, et seulement 18 à Violay (contre 65 en 1999). Peut-on réellement parler d’épaisseur de neige dans ces conditions ? les postes de plaine et fonds de vallée n’ont pas mesuré de couche significative durant cette année ; à Violay, les sept malheureux centimètres du 4 décembre dernier constituent la couche maximum de l’an.

Moyenne des températures minimales anormalement élevée, nombre de jours de gel étonnamment faible et absence de neige, voilà bien les trois principales caractéristiques de cette année 2002.

 

 

Tomates vertes en 2002.

Décembre doux, décembre pluvieux, et décembre très peu ensoleillé. A Lyon Bron, ce ne sont que 17 heures de soleil qui ont été enregistrées durant ce dernier mois, c’est tout bonnement le plus petit ensoleillement pour un décembre depuis au moins 1921. En plaine du Forez, Andrézieux-Bouthéon s’en tire bien avec 39 heures, les Sauvages font tout de même mieux que leur préfecture avec 20.5 heures de soleil. Avec toute cette pluie, la durée d’ensoleillement de l’année est évidemment faible : l’astre du jour a brillé 1850 heures à St Etienne-Bouthéon. La moyenne annuelle d’insolation en Plaine du Forez est de l’ordre de 2000 heures, nous avons donc été lésés de 150 heures, soit tout de même l’équivalent de deux semaines printanières de beau temps. Il ne faut pas aller bien loin dans le temps pour retrouver une semblable durée d’ensoleillement : 1996 totalisait elle aussi 1850 heures, avec, de surcroît, deux degrés de moins au thermomètre ; 1987 arrivait péniblement à 1706 heures, tandis que 1970 reste tapi dans l’ombre avec seulement 1681 heures de soleil, alors de quoi se plaint-on ? Heureusement que 1997 et ses 2207 heures, 1990 et 1976 à 2340 et surtout 1989 montant à 2380 heures sont là pour relever le niveau.

Si cet automne et début d’hiver semblent confirmer la tendance aux hivers doux de ces dernières années en France, il ne faut pas ignorer les grands froids de nos voisins d’Europe Centrale. Les pays Scandinaves, aux prises avec un anticyclone tenace sont en passe de vivre un des hivers les plus durs de leur histoire. Les circulations atmosphériques à grande échelle sont parfois facétieuses : elles nous ont relativement épargné durant ces quinze dernières années, rien ne dit qu’elles vont poursuivre dans ce sens. Comment notre société moderne réagirait-elle à un nouvel hiver 62-63 ? à un nouveau février 1956 ?

 

Remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière), Messieurs : Blanchet (données de Bron), Blotas (Bully, Rhône), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Rollet (St-Vérand), Subrin (Le Breuil), Thizy (St-Symphorien-sur-Coise).

 

A Violay le 6 janvier 2003.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm