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Avril 2003

 

Le printemps à sec.

 

 

 

Tout comme en 2002, la faible pluviométrie de ces derniers mois est le fait marquant de ce début d’année. La quantité d’eau recueillie à Andrézieux-Bouthéon du premier janvier au 30 avril 2003 s’élève à seulement 82.7 mm, pour une valeur normale de 167 mm. Certes dans le passé, et à cette même station, des cumuls encore plus maigres ont été enregistrés, par exemple 60.9 mm en 1953 pour le plus petit ; depuis au moins 1946, ce début d’année se classe tout de même en quatrième position dans la liste des années sèches. Nous vivons assez fréquemment, depuis une décennie environ, des débuts d’année peu pluvieux : en effet, 1993 avec 76.2 mm pour ses quatre premiers mois, 2002 (78.2 mm), 2003 (82.7 mm), 1997 (89.6 mm) se situent tous parmi les cinq débuts d’année les plus secs depuis l’après-guerre. Les similitudes –du point de vue pluviométrique- entre cette année et l’an dernier sont assez frappantes pour les mois de janvier à avril, elles disparaissent si on inclut dans la comparaison les mois de novembre et décembre. En 2002, ces deux mois avaient été largement excédentaires (267 mm à Andrézieux) ; ils avaient été particulièrement secs en 2001 (42 mm). Si les premiers décimètres du sol sont aussi secs aujourd’hui qu’il y a un an, les réserves profondes sont elles un peu mieux loties. Il est absurde de vouloir comparer actuellement cette sécheresse à celle de 1976 : à l’époque, les principaux dégâts avaient été occasionnés entre mai et mi-juillet, là où la pompe végétative tourne à plein régime. Cette année, un revirement de situation est encore possible, il s’était d’ailleurs produit l’an dernier, dès le premier mai.

 

Record de froid.

Un autre événement majeur est à associer à ce mois d’avril 2003 : le fort gel de la nuit du lundi 7 au mardi 8. Un flux de nord-est est établi depuis quelques jours, un ciel dégagé et une atmosphère très sèche font plonger le thermomètre à –7° à Andrézieux-Bouthéon. Cette valeur là constitue en ce lieu le nouveau record de basse minimale pour un avril entier depuis au moins 1946, le précédent record était attribué à avril 1956 avec –6.9°. C’est un événement assez considérable, surtout dans le contexte de réchauffement actuel dû à l’urbanisation au voisinage de l’aéroport. Les bétonnages et goudronnages affectent principalement –en les adoucissant- les minimales ; il est en outre indéniable que l’aspect actuel le l’aéroport ligérien diffère fortement de celui de 1956, année du précédent record. A Clermont-Ferrand, le record de basse minimale pour un avril est lui aussi battu, les séries de cette station remontent pourtant à 1923. A Villefranche, il n’avait jamais fait aussi froid (-5.5°) en avril depuis au moins 1959. Rappelons que toutes ces températures sont mesurées sous abri normalisé et à 2 mètres du sol ; ce mardi matin, à Violay, la sonde thermométrique nue disposée à 5 cm du sol affiche –11.9°.

 

La glace sur les fleurs.

Le premier avril reste à l’image du mois de mars : doux et ensoleillé ; mais le temps change brusquement dans la nuit et la neige refait son apparition sur les monts le lendemain. La perte de chaleur est considérable d’un jour sur l’autre, nous perdons en effet entre le premier et le 2 avril, sur la température maximale : 11.1° au Breuil, 11.5° à Andrézieux, 11.6° à Feurs-Randan, 11.7° à St-Vérand, 11.9° à Violay et Grammond, 12° à St-Symphorien et Bully, 12.3° aux Sauvages, 12.5° à Feurs et Montchal-Fontanes. La masse d’air froid recouvre petit à petit tout le territoire français et le fort gel de la nuit du 7 au 8 avril provoque de gros dégâts sur les arbres fruitiers, mais aussi en une moindre mesure, sur la vigne. Au matin du 8, les thermomètres indiquent des minima hivernaux : -4.5° à St-Vérand, -4.9° à Grammond, -5° à St-Germain-sur-l’Arbresle, -5.7° à Violay et aux Sauvages, -6.3° à Feurs et Montchal-Fontanes, -6.5° à Feurs-Randan, -7° à Andrézieux et St-André-la-Côte, -7.4° à Bully, -7.5° au Breuil, -8° à Jas, -9° à St-Symphorien. Sur les monts, l’intensité de la gelée n’est pas exceptionnelle : il avait fait plus froid le 3 avril 1996 ; en plaine et vallées, c’est pour la plupart des postes un record de basse minimale pour un avril qui est battu. Mise à part la journée du premier, toute la première décade est soumise à ce régime de nord-est qui rend les nuits froides : 8 jours avec gel à Violay et aux Sauvages, 6 au Breuil et à Jas, 4 à Andrézieux, 3 à Feurs. Le jeudi 10 au matin, une fine pellicule de neige recouvre les monts.

 

Premières chaleurs.

En climatologie, on parle de jour avec chaleur si la maximale atteint ou dépasse 25°. En général ces premiers jours arrivent en avril, beaucoup plus rarement en mars ; cette année ne faillit pas à la tradition. En plaine, ce seuil est atteint voire largement dépassé à plusieurs reprises : la palme revient à Feurs-Randan qui affiche six jours de chaleur dont un remarquable pic le 24 avec 28°. Mardi 29 est le plus chaud du mois pour nombre de postes de basse altitude, on relève ce jour : 26.8° à Bully, 26.5° au Breuil, 26° à Feurs, 24.7° à Andrézieux, 24.6° à St-Vérand, 23.5° à St-Symphorien (mais 24° le 24), 23.4° à Jas (24.5° le 24), 22.2° à Grammond, 22° à Violay (22.5° le 24), 21.6° à Montchal-Fontanes (22.4° le 24) , 20.7° aux Sauvages (22.3° le 24). L’ensoleillement de ce mois est une nouvelle fois excédentaire, un peu moins tout de même qu’en mars : le soleil brille durant 207 heures aux Sauvages, soit 45 h de plus que de coutume, 211 heures à Andrézieux-Bouthéon (surplus de 40 h).

D’une manière globale, ce second mois du printemps météorologique est plus doux que la normale. Les excédents sur la température moyenne vont de 1.8° au Breuil à 2.8° à Violay en passant par 2.4° à Andrézieux. Ce sont les températures maximales qui se révèlent anormalement élevées : 18.1° de moyenne au Breuil, c’est un nouveau record depuis au moins 1969. Comme souvent lors d’un mois à prédominance anticyclonique, il fait proportionnellement plus chaud en montagne qu’en fonds de vallées tempérés par les nuits fraîches, cet avril nous fournit une nouvelle illustration.

 

Pluies disparates.

En fin de mois, le temps devient un peu plus instable et quelques averses s’abattent sur le secteur. Ces pluies orageuses n’arrosent pas équitablement la région et c’est naturellement sur les monts qu’elles ont le plus copieuses. Les lames suivantes sont, en mm, celles relevées le samedi 26 et le mercredi 30 : Andrézieux 0.4 / 2.6, Balbigny 4.2 / 7.6, le Breuil 1 / 11.4, Bully 1.9 / 8.2, Feurs-Randan 0.4 / 6.8, Jas 2 / 7, les Sauvages 2.6 / 11.8, Montchal 5.5 / 11, Montrottier 3.7 / 15, St-Genis 2.1 / 2.5, St-Symphorien 4.5 / 8, St-Vérand 1.6 / 11, Violay 6.7 / 15.7.

Les quatre mois de cette année sont tous déficitaires en eau, la plaine et fonds de vallées n’ont reçu, depuis le début de l’an, que 50 % de leur quantité habituelle ; les monts sont un peu plus favorisés avec 65 % de la normale à Violay. Grâce aux décembre et novembre derniers particulièrement arrosés, la quantité de pluie tombée durant les six derniers mois reste excédentaire tant en montagne (120 % de la normale) qu’en plaine (130 % ). Voici en millimètres le cumul de pluie de cet avril 2003 : Andrézieux 25.2, Balbigny 30, Le Breuil 29.5, Bully 27.5, Feurs-Randan 22.4, Les Sauvages 35.4, Montchal 33.5, Montrottier 40.4, St-Genis 22.1, St-Symphorien 34, St-Vérand 34.5, Violay 46.4.

 

Remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière). Messieurs : Benier (Feurs-Randan), Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Le Gloahec (Montchal-Fontanes), Maugé (Montchal), Mollin (St-André), Rollet (St-Vérand), Subrin (Le Breuil).

 

A Violay le 4 mai 2003.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm