Décembre 2003
Evidemment, décembre 2003 restera dans les mémoires comme le mois des grandes inondations. A Andrézieux-Bouthéon, il est tombé un cumul de 158.8 mm pour les 1er et 2 décembre : on n’avait jamais mesuré en ce lieu autant de millimètres, même en l’espace de sept journées consécutives. La position dans l’année de ces pluies les rend encore plus extraordinaires : habituellement en Plaine du Forez, décembre est, derrière février, le mois le plus sec de l’année ; or en début de ce mois il est tombé, en deux jours de temps, quatre fois et demi plus d’eau qu’en un classique décembre entier.
Si ces deux folles journées n’avaient pas eu lieu, 2003 aurait été l’année la plus sèche depuis au moins l’après-guerre ; seulement voilà, il est bien connu qu’avec des «si » on mettrait Paris dans un pluviomètre.
L’automne jusqu’au bout.
La température moyenne de ce décembre est assez conforme à l’habitude : on la trouve normale en Plaine du Forez (4.4° à Andrézieux, 3.9° à Feurs) et plus douce d’un demi degré sur les monts : 2.9° à Violay, 2.7° à St-André, 2.4° aux Sauvages. Après le déluge des deux premiers jours, on assiste au retour des hautes pressions et des traditionnelles inversions qui en découlent : 9.9° de maxi à Violay le samedi 6, mais seulement 4° au Breuil, 3.2° à Feurs. Le froid reste absent lors des deux premières décades où l’on ne compte aucun jour sans dégel, même sur les hauteurs : 0.5° de maximale à Violay, 0.6° aux Sauvages pour la plus froide des après-midi, celle du 15. On relève bien entre le 14 et le 16 quelques apparitions neigeuses sur les hauteurs, mais elles arrivent à peine à blanchir le paysage.
Vent dans le dos pour le Père Noël.
Les conditions changent radicalement entre le 21 et le 22 : l’anticyclone laisse place à un rafraîchissant flux de Nord. De l’air provenant directement du pôle déferle sur la région. Cet air arctique n’est pas très froid en plaine en hiver : en effet, avant d’arriver sur notre pays, il traverse la Mer de Norvège qui réchauffe sa base au passage. L’expérience confirme une fois de plus la théorie puisque même en Plaine du Forez ouverte au Nord, les minimales des 22 et 23 ne s’abaissent qu’à –0.8° à Feurs et Andrézieux ; alors que 400 à 500 m plus haut, le poste automatique des Sauvages enregistre –4.9°. En fond de vallée bien abritée, le mercure ne passe même pas sous la glace et se maintient au dessus 1.5° au Breuil. L’écart de température entre le sommet du Puy de Dôme et la plaine de Clermont se stabilise aux environs de 10°. C’est naturellement en haute montagne que cet air arctique se fait le plus mordant : on enregistre un minimum de –25° à 3000 m d’altitude en Vanoise.
Noël blanc.
Une masse d’air n’apprécie guère d’avoir les pieds chauds et la tête froide, rapidement elle se déstabilise : l’air chaud ayant tendance à monter et l’air froid à descendre. L’air réchauffé et humidifié par la mer se transforme rapidement en nuage au gré de son ascension ; c’est donc un air froid et neigeux en montagne qui déboule sur la France. Sur ce point encore, les faits ne contredisent pas la prévision : on mesure sur la planche 15 cm de neige fraîche au matin du 22 à Violay, alors que la Plaine du Forez blanchit à peine. Ce manteau blanc a la bonne idée de se maintenir au dessus de 500 m environ jusqu’à Noël. A peine la tournée du Père Noël terminée, un grand vent de sud se lève, ramène le vieux Bonhomme chez lui en Laponie et fait reculer la neige qui se retranche alors en ubac au dessus de 750 m environ. L’année se termine de nouveau dans la froidure : la Saint Sylvestre est sans dégel sur les monts, on y note des maximales de –2.6° aux Sauvages, –2.5° à Violay, -2.4° à St-André, -1.3° à Montchal Fontanes.
Des cas d’eaux pour tous.
Bien entendu, ce décembre est largement excédentaire en pluies, celles des deux premiers jours assurant souvent plus de 90 % du cumul mensuel. En plaine, le total frôle 5 fois la normale pour Andrézieux, jamais un mois n’avait connu une pareille anomalie. Les lames d’eau et neige fondue totalisent ce mois ci : 134.6 mm à Bully, 134.9 au Breuil, 137.4 à Balbigny, 147 à Jas, 148.8 aux Sauvages, 156.7 à St-Genis-l’Argentière, 157.6 à Feurs Randan, 157.8 à St-Vérand, 161.2 à Montchal Fontanes, 165.5 à Montchal Chanin, 173 à Montrottier, 179 à Violay, 184.7 à St-André la Côte, 196.5 à St-Symphorien-sur-Coise.
Remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière). Messieurs : Benier (Feurs-Randan), Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Le Gloahec et Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Rollet (St-Vérand), Subrin (Le Breuil), Thizy (St-Symphorien).
A Violay le 6 janvier 2004.
M. Gagnard
Contact : gagnard@univ-lyon1.fr
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