Mai 2004
La sécheresse lui a plu.
Les vents de sud et d’ouest n’ont pas souvent la parole en ce mois de mai, les flux de nord ou de nord-ouest sont en revanche largement majoritaires. Un courant de nord n’a pas une réputation bien pluvieuse dans la région, il est donc naturel de retrouver ce mai 04 parmi les plus secs depuis l’après-guerre.
A St-Etienne-Bouthéon, mai est le mois traditionnellement le plus arrosé de l’année ; celui-ci ne totalise que 29.2 mm, c’est derrière mai 1976 (26.4 mm), le second plus faible cumul enregistré depuis au moins celui de 1946 ; il ne représente que 32 % de la valeur moyenne d’un mai. A Lyon-Bron, depuis 1921, on ne compte que 5 mais plus secs que celui-ci.
Seule la faible pluviométrie particularise ce mois, en effet, sa température et son ensoleillement s’avèrent bien banals. Certes, durant la seconde quinzaine, le soleil nous offre de belles journées propices à de grandes envolées thermométriques, mais le souffle septentrional a tôt fait de tempérer ces ardeurs méditerranéennes. La température moyenne mensuelle est donc semblable à ce qu’elle a été pour les trente mais de 1971 à 2000 ; elle accuse un léger déficit de 0.3° à St-Etienne-Bouthéon, Lyon et au Breuil, 0.4° à Villefranche mais un petit excédent de 0.3° à Violay, poste particulièrement bien protégé de la Bise. Depuis le début de l’année, aucun mois ne s’est véritablement distingué par ses excès ou défaillances thermométriques.
Derniers flocons.
Les premiers flocons de l’automne avaient été remarqués à Violay et St-André-la-Côte le 5 octobre dernier ; les derniers du printemps forment une courte averse à Violay le 9 mai vers midi. Cette dernière neige est assez tardive pour ce village de la Loire ; depuis 1990, la date la plus tardive est le 17 mai 1991, la plus précoce le 3 avril 1996 et la moyenne le 24 avril. Ces ultimes relents hivernaux nous arrivent par un courant de nord ouest bien établi en fin de première décade. L’air en altitude est alors très froid, le radiosondage de Lyon St-Exupéry mesure des températures de –30° vers 5300 m d’altitude les 7 et 8 mai. La station Nivôse de Météo-France implantée à 3000 m d’altitude au pied du glacier de Bellecôte en Tarentaise enregistre quelques minima inférieurs à –15° et par la même occasion sa couche maximale de neige de la saison : un peu plus de 240 cm. Notre air atmosphérique n’aime pas avoir la tête si froide et les pieds si chauds. Il réagit immédiatement en déclenchant une forte convection : l’air chaud (donc peu dense) formé le jour au contact du sol s’envole facilement entraînant avec lui une bonne dose de vapeur d’eau qui se condense en arrivant dans les couches froides. Vu du plancher des vaches, le ciel est dégagé le matin puis se peuple rapidement de cumulus bourgeonnants qui finissent par donner de froides averses dès la mi journée.
Première quinzaine sous les giboulées.
La température mesurée sous abri normalisé à 2 m du sol est elle aussi froide pour l’époque, les minima des 6 et 7 mai descendent à 5° à Anse, 3.5° à Feurs, 2.8° à Feurs-Randan, 2.4° à Montchal-Chanin, 2.2° à Bully, 1.8° au Breuil, 1.7° à Montchal-Fontanes Violay et aux Sauvages, 1.5° à Grammond St-Symphorien-sur-Coise et Andrézieux, 0.8° à St-André-la-Côte. Avec une telle masse d’air, les maximales sont bien plus froides en montagne qu’en plaine : le 7 on relève tout de même 16° à Anse, 14.8° à Feurs-R, Bully ne monte pas au dessus de 13.2°, Andrézieux n’atteint que 12.1°, 11° pour St-Symphorien ; le lendemain Montchal-C plafonne à 10.5°, 10.2° à Montchal-F, 9.8° à St-André, 8.6° pour les Sauvages, 8.3° à Grammond et 8.2° à Violay. Sous cette forte instabilité, les averses sont nombreuses : sur les 11 premiers jours du mois, on en compte 10 à précipitation supérieure ou égale à 0.1 mm à Montchal-C, Violay et St-André, 8 à Feurs Montchal-F et aux Sauvages, 6 à Andrézieux, 4 au Breuil. La production de ces fréquentes giboulées reste limitée, on totalise des cumuls -arrondis au mm le plus proche- de : 27 mm aux Sauvages, 16 à Montchal-F, 14 à Violay St-André Feurs-R, 11 à Montchal-C, 9 au Breuil, 5 à Andrézieux. Le point d’orgue de fraîcheur est atteint le jeudi 13 ; si les températures sont acceptables en fonds de vallées (maxis de 14.3° au Breuil, 13.7° à Bully), ces mêmes maximales deviennent désagréables en Plaine du Forez (11.3° à Feurs, Andrézieux, 11.4° à Feurs-R) et franchement hors-saison sur les hauteurs enveloppées de brouillard : 8.9° à Montchal-F, 8° aux Sauvages, 7.9° à Grammond et 7.7° à Violay. Une telle proportion de nombre de jours de pluie ne laisse pas beaucoup de place au soleil ; durant la première quinzaine du mois, il ne brille que 75 heures à Andrézieux et 66 heures aux Sauvages, soit une moyenne de respectivement 5h et 4h 30mn par jour.
Premières fortes chaleurs.
Le ciel se dégage enfin au mitan du mois. En seconde quinzaine, l’ensoleillement est deux fois supérieur à celui de la première : 163 heures d’ombre à Lyon à répartir sur 16 jours, 159 heures à Andrézieux, 154 h aux Sauvages. Les 16 et 17 on ne voit plus aucun obstacle entre le soleil et la terre ; mais l’étoile du jour n’a toutefois pas la suprématie des airs : le vent de nord rabote toujours la région et limite la hausse du mercure. La maximale de ces deux jours est enfin digne d’un mois de mai : 20.4° aux Sauvages, 20.6° à St-André qui franchit pour la première fois de l’année le seuil des 20°, 21.1° à Grammond, 22.4° à Violay, 23.4° à Andrézieux, 24.5° à Montchal-C, 24.6° au Breuil, 25.1° à Feurs, 28.2° à Feurs-R. La différence de traitement entre l’abri d’Andrézieux et celui de Feurs-R est remarquable : près de 5° pour des localités d’altitude semblable, le poste d’Andrézieux est exposé au vent de nord, celui de Randan en est protégé. Du mardi 18 au jeudi 20, le courant frais s’essouffle ; le soleil dispose alors de tous les pouvoirs et propulse les températures au point de leur faire localement franchir le seuil de la « forte chaleur » à savoir 30°. Les maxis de ces trois jours arrivent à 23.9° à Grammond, 24.1° aux Sauvages, 24.2° à St-André, 25.2° à Montchal-F, 25.6° à Violay, 26.5° à St-Symphorien, 27.9° à Andrézieux, 27.2° à Montchal-C, 28° au Breuil, 28.1° à Bully, 28.2° à Villefranche, 29.5° à Feurs, 30.3° à Anse, 30.9° à Feurs-R. On retrouve encore dans ces valeurs de belles disparités (Violay-Grammond ou Randan-Andrézieux) suivant l’exposition au vent des postes.
Orages discrets.
La surchauffe de l’air est de courte durée, le vent de nord reprend le commandement dès le 21 en imposant du jour au lendemain une chute de l’ordre de 10 degrés sur les maximales. La baisse s’accentue le 22 où les maxis ne dépassent plus 16.8° à Feurs-R, 16.5° à Montchal-F, 16.2° au Breuil, 14.6° à Andrézieux, 14.5° à Montchal-F, 12.8° à Violay, 12.5° à St-André, 12° aux Sauvages. Le retour de cette masse froide ne se fait pas sans heurs électriques, les orages s’avèrent plus ou moins efficaces d’une commune à l’autre ; l’abat pluviométrique des 20 et 21 mai s’étale entre les 33.4 mm de Feurs-R et les 1.4 mm de Lyon. On trouve entre ces valeurs extrêmes : 2.4 mm à Grammond et St-Genis-l’Argentière, 3.1 à Grammond, 5 à St-Symphorien, 9.9 à Montrottier, 11.4 à Montchal-F, 12.3 à Bully, 13.1 à Balbigny, 13.5 à Violay et Anse, 14.3 au Breuil, 16 à Andrézieux, 21.4 aux Sauvages, 22 à Montchal-C.
Dans son ensemble, ce mois est très sec, tous les postes accusent un déficit prononcé dans le sud de notre secteur, plus relatif pour Feurs-R. Voici donc les cumuls mensuels en mm, l’éventuel pourcentage entre parenthèses exprime le rapport à la normale :
St-Genis-l’Argentière 21.6 (29 %), Lyon-Bron 25 (28 %), St-Symphorien 25.5 (31 %), Le Breuil 26.7 (33%), Andrézieux 29.2 (32 %), St-André 29.7, Violay 31.7, Montchal-Fontanes 32.1, Bully 32.2 (39 %), Balbigny 35.3, Anse 36.6, Montchal-Chanin 37.8, Villefranche 42.9 (53 %), Montrottier 46.6, Feurs-Randan 54.2 (67 %), Les Sauvages 54.6 (50 %).
Remerciements à madame Laval et messieurs : Bénier, Blanchet, Blotas, Coquard, Duchez, Lacour, Le Gloahec, Maugé, Molin, Rollet, Subrin, Thizy.
A Violay le 2 juin 2004.
M. Gagnard
Contact : m.gagnard@univ-lyon1.fr
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