Eté 2005.
Encore un été chaud.
L’été météorologique, qui regroupe les mois de juin, juillet et août, a globalement été chaud cette année. A la station Météo France de Lyon Bron, sa température moyenne surpasse de 1.6° celle d’un été normal (qui est par convention la température moyenne des trente étés de 1971 à 2000). Les mesures météorologiques ont débuté en 1920 à Bron ; 85 étés se sont écoulés depuis et le millésime 2005 est, du point de vue de sa température moyenne, le 7ème plus chaud. Ce classement peut surprendre : beaucoup d’entre nous n’ont pas spécialement souffert de la chaleur durant ces trois mois estivaux. Il faut dire que depuis 9 ans, les étés chauds se succèdent sans faillir, tous sans exception ont été plus chauds que la normale : nous nous adaptons donc remarquablement bien à ces changements climatiques. Il n’y a pas si longtemps, dans les années 60 et 70, les étés étaient beaucoup plus frais : la moyenne thermique des dix étés de 1963 à 1972 est de seulement 19.1° à Bron, soit 2.6° en dessous de celle des 10 derniers étés. Cet écart de 2.6° peut paraître faible, il représente tout de même la différence de chaleur entre un été Nîmois et un été Lyonnais.
Au regard de la moyenne des températures minimales, cet été 2005 se distingue particulièrement en se positionnant en 3ème position parmi les plus chauds depuis au moins 85 ans ; seuls ceux de 1983 et de 2003 possèdent une moyenne des minis plus élevée.
Le constat général est à peu près identique à Andrézieux : avec 20.0° de température moyenne, cet été y est le 7ème plus chaud depuis au moins 1946, le surplus vis-à-vis de la normale atteint 1.4°. L’ensoleillement de cet été totalise 735 heures aux Sauvages, 791 à Andrézieux et 840 à Bron. Ces valeurs sont toutes légèrement supérieures à la normale, les excédents sont de l’ordre d’une vingtaine d’heures.
Juillet se ressaisit.
Après le mois de juin exceptionnellement chaud, juillet 05 ne renie pas sa réputation de mois estival par excellence : à Bron, il est le 11ème plus chaud en température moyenne -et même le 5ème en ce qui concerne la moyenne des minis- depuis au moins celui de 1921. Pourtant tout commence bien mal en première décade, il pleut très peu mais pratiquement tous les jours : 7 jours sur 10 à Violay, 5 jours sur 10 à Feurs Randan. Le soleil nous boude, la plaine du Forez n’a le droit qu’à une moyenne d’un peu plus de 5 heures quotidiennes durant ces dix premiers jours, les monts de Tarare doivent se contenter d’une ration de moins de 4 heures et demi par jour. Avec ces averses fréquentes et ce soleil en temps partiel les maximales flanchent elles aussi ; la journée du 7 fleure bon l’automne avec, au plus chaud de l’après-midi seulement 18.8° à Bron, 17.4° à Feurs Randan, 17° à Montmelas, 15.5° à St-André-la-Côte et Montchal Fontanes, 13.8° à Violay et 13.3° sur la crête des Sauvages. Les vallées abritées d’Azergues et de Saône arrivent à hisser leur maximale juste au dessus de 20 degrés : 20° à Villefranche, 20.6° à Anse, 21.1° au Breuil.
Cet épisode de temps frais ne s’étend pas au delà de la première décade, rapidement les hautes pressions reviennent, les nuages se dissipent et le soleil peut de nouveau chauffer les sols. La pluie, tant attendue par le monde agricole, n’est pas au rendez-vous, elle ne reviendra que timidement en toute fin de mois. Cette longue période sèche du 10 au 29 voit deux poussées caniculaires, heureusement de courte durée : la première débute le jour de la fête nationale et trouve son apogée les lendemain et surlendemain, les maximales dépassent de partout les 30 degrés voire les 35° (30.8° à St-André, 31.7° aux Sauvages, 32.2° à Montmelas, 32.7° à Violay, 33.2° à Montchal Fontanes, 35.7° au Breuil, Villefranche, Pommiers-en-Beaujolais et Anse, 38.5° à Feurs Randan).
Record absolu.
La seconde bouffée brûlante se manifeste du 24 au 28 ; les maximales s’envolent de nouveau, le 28 elles retrouvent voire dépassent leur niveau de la mi-mois avec, 33° à St-André, 33.3° aux Sauvages, 34.7° à Montmelas, 35.8° à St-Vérand, 36.2° à Montchal Chanin, 36.5° à Andrézieux, 37.1° à Villefranche, 37.5° à Anse, 37.6° à Bully, 38.4° à Feurs R.. Toutefois, ce ne sont pas les maximales qui créent l’événement en cette fin juillet, mais les minimales. Dans la nuit du 27 au 28, le thermomètre ne descend pas en dessous de 23.6° au centre départemental Météo France d’Andrézieux ; comme la journée du 28 ne voit pas de rafraîchissement provoqué par un éventuel orage, cette étonnante température de 23.6° devient automatiquement la minimale du 28. Or ce poste de mesure, fonctionnant depuis le 1er avril 1946 n’avait auparavant jamais enregistré de minimale supérieure à 23.4° ; la mini de ce 28 juillet 2005 est donc ce qui convient d’appeler le record absolu de haute minimale pour cette station météo. Rappelons le record absolu de basse minimale pour Andrézieux : -25.6° le 4 janvier 1971. Les hautes minimales sont beaucoup plus rares en plaine que sur les monts ou coteaux, ainsi en seulement 11 ans de mesures, le poste de Violay a enregistré 7 minimales plus élevées que 23.6°, la plus forte d’entre elles est 26.1° le 13 août 2003.
Août calme le jeu.
L’étonnante chaleur de juin et juillet laissent entrevoir un été exceptionnellement chaud, pourquoi pas du même acabit que celui de 2003 ? Août en décide autrement en rompant la liste des mois étonnamment chauds. A Andrézieux, ce mois d’août présente un déficit de 1° en température moyenne et se situe par conséquent en queue de peloton -plus exactement en 39ème position- dans la liste des 60 aoûts classés du plus chaud au plus frais. Décidément, l’aoûtien a bien des problèmes avec son mois de vacances : il est tombé sur une fournaise en 2003, sur des trombes d’eau l’année passée et voilà qu’il doit supporter en 2005 le plus frais mois d’août depuis 21 ans. Août 2005 ne satisfait pas grand monde : il impose un temps trop frais au vacancier et prive presque totalement de pluie l’agriculteur. Seules les personnes sensibles aux fortes chaleurs y trouvent leur compte. Il y a un an nous vivions le mois d’août le plus pluvieux depuis au moins l’après-guerre dans le secteur. Cette année, ce même mois d’août compte parmi les plus avares en précipitations.
Le plus sec d’entre tous.
A Andrézieux, avec un cumul de 32.4 mm, août 2005 se classe en 6ème position parmi les plus arides ; au Breuil il est le plus sec depuis au moins 1969 ; à Villefranche, où les relevés débutent en 1931, on n’en avait jamais vu d’aussi peu humide (14.8 mm seulement) enfin à Montmelas ce dernier mois est le plus sec des mois d’aoûts depuis au moins 1928. Août est habituellement le mois des orages, cette année il fait exception : on n’a jamais entendu le tonnerre à Bully et on ne l’a perçu qu’une seule fois au Breuil. Dans cette dernière localité, le nombre moyen de jours orageux en août est de 7.1 ; il n’y en a eu qu’un seul cette année et en 1991, contre 13 pour le maximum en 1975 et 1995. Il est un coin de la Loire où les prés sont restés verts tout l’été, il s’agit du plateau de St-Genest-Malifaux dans le massif du Pilat ; le pluviomètre automatique de la station de La République recueille le 21 août une pluie impressionnante de 100.2 mm. Dans cette même commune, sur les bords de la Semène, on enregistre -sous abri bien entendu- les 8 et 9 août les premières gelées de « l’automne » (à moins que ce soit les dernières du « printemps » ?) avec respectivement –1° et –1.6°.
Voici les cumuls millimétriques des précipitations du mois de juillet puis d’août : Bully 58/28.9, Satolas 47.8/39.6, Feurs Randan 14.9/27.1, Corbas 24.6/48.5, Montchal Fontanes 30.6/55.3, Montchal Chanin 25.9/50, Montmelas 28.6/19.6, Les Sauvages 40.6/54.6, St Vérand 31.1/33.5, Bron 29/44.4, Pommiers-en-Beaujolais 43.2/17.4, Anse 43.2/16.2, Montrottier 24.8/54.2, Riorges 19.8/30.9, Villerest 26.2/19.6, St Etienne ville 46/36.5, Andrézieux 49.6/32.4, Violay 31/43, Crêt de l’Oeillon 20.8/91, St-Genest-Malifaux 24.2/140.6, le Breuil 28.8/22.4, Villefranche s/ Saône 59.3/14.8, St-André 37.7/40.5.
A Violay le 6 septembre 2005.
M. Gagnard
http://perso.wanadoo.fr/meteolyonnaise/indexclim.htm
Michel Gagnard est président de l’Association Météorologique d’entre Rhône et Loire qui a vu le jour à Violay en février dernier. Elle regroupe pour l’instant 30 adhérents répartis dans les départements du Rhône et de la Loire. Cette association édite tous les mois un bulletin climatologique de 8 pages contenant -entre autres- les relevés quotidiens de stations météo souvent citées dans cette chronique. Les adhérents de l’association reçoivent gratuitement ce bulletin par courrier électronique. Pour les non adhérents, ces périodiques sont aussi en vente au numéro à « l’Epicerie » à Violay. On peut enfin s’abonner à ce fascicule et le recevoir chez soi par la Poste. Pour tout renseignement : m.gagnard@univ-lyon1.fr tel : 04 74 63 92 06 http://perso.wanadoo.fr/meteolyonnaise/association/accueil_asso.htm