Février 2005.
L’hiver s’accroche.
Mais où sont passés nos hivers d’antan ? Ceux qui, dès la mi février, voyaient fleurir les premières jonquilles dans les jardins, les premiers 20° en plaine et les premiers cyclistes sur les routes ? Après l’insouciante douceur hivernale de ces quinze dernières années, le climat nous imposerait-il un formidable retour en arrière ? Sommes nous au début d’un cycle de rudes hivers comme on a pu en vivre dans les années 70 ?
Une hirondelle ne fait pas le printemps mais le flocon ne fait pas l’hiver non plus. La dernière quinzaine de ce février est certes froide et neigeuse, mais reste insuffisante pour rendre rigoureux cet hiver. A Andrézieux, la température moyenne de l’hiver météorologique 2004-05 -qui englobe les 3 mois de décembre à février- est de 2.38°, soit 1.3° en dessous de cette normale saisonnière. Comparé aux 59 hivers écoulés depuis 1946, il se situe en 16ème position lorsqu’ils sont classés du plus froid au plus doux. A Lyon Bron, on le trouve en 34ème position sur 85 et son déficit thermique atteint 1.1°. Dans l’une et l’autre de ces deux localités , il faut remonter à 1991-92 pour avoir un hiver plus froid.
Un vrai mois d’hiver.
Dans son ensemble février 2005 est froid. A Andrézieux, sa température moyenne atteint 1 degré tout juste soit 3.3° de moins qu’un février banal ; depuis 1947 on n’en compte que 6 de plus rudes à la tête desquels trône celui de 1956 avec –7.6° de moyenne. A Lyon-Bron, on le trouve en 17ème position sur 85. Au Breuil, avec 1.4° de moyenne, ce dernier mois est, depuis au moins 1969, le troisième février le plus froid derrière ceux de 1986 et 1981. Sur les monts, la température moyenne mensuelle devient négative au dessus de 600 m environ : -0.3° à Montchal Fontanes, -1.2° à Violay, -1.4° à St-André-la-Côte et –1.9° sur la crête ventée des Sauvages. Il faut en ces localités remonter à décembre 2001 pour noter une moyenne mensuelle à peine plus basse. Le soleil a brillé 102.5 heures à Bron, c’est 10 heures de plus que la moyenne ; il s’est en revanche montré moins vaillant en Plaine du Forez (85.6 heures à Andrézieux) et franchement discret sur les hauteurs : 74.2 h aux Sauvages. Dans sa lancée de janvier, la pression atmosphérique réduite au niveau de la mer reste très élevée en première décade, elle atteint un maximum de 1037.4 hPa à Bron et 1037.8 à Andrézieux à 9h le jeudi 10. Sa valeur moyenne lors des 10 premiers jours de février affiche 1029 hPa, celle des 18 derniers n’arrive qu’à 1014.5 hPa. La moyenne mensuelle est exactement conforme à la normale : 1019.2 hPa à Bron.
Une première décade agréable.
Il débute dans la douceur ce février ; comme les années précédentes, on pense déjà au printemps en voyant à plusieurs reprises les maximales facilement dépasser les 10 degrés : 14° à Bully le 10 et au Breuil le 12 ; 12.6° aux deux postes foréziens, 12.5° à Montmelas, 12° à Andrézieux le 8 ; 11° à Montchal Chanin, 10.7° à Montchal Fontanes, 11° à St-Symphorien-sur-Coise, 12.3° à St-Vérand, 12.5° à Anse, 13.5° à Pommiers-en-Beaujolais et Riorges, 13.9° à Villefranche le 12. La douceur se hisse même jusqu’aux sommets : 9.9° à Violay, 9.5° à St-André-la-Côte le 9. Sur les versants nord, la neige tombée fin janvier résiste sans problème au dessus de 700 m environ ; les retenues d’eau restent gelées, comme celles d’Echansieux ou de Fontbonne sur la commune de Violay. Les conditions anticycloniques engendrent de moyennes inversions nocturnes : au matin du 9, on relève par exemple 2.3° de minimale à Violay et aux Sauvages contre seulement –3.3° à Feurs et –3.6° au Breuil. Dimanche 13 marque la transition brutale entre le temps calme doux et anticyclonique et celui nettement plus froid et perturbé encore d’actualité à l’heure où sont tapées ces lignes. La neige arrive subitement dans cet après-midi dominical, elle recouvre rapidement les sols et est toujours présente à l’heure actuelle.
L’hiver s’installe.
L’habituel scénario de ces quinze dernières années ne se renouvelle pas cette fois ci : la seconde moitié de février est étonnamment froide, surtout en altitude. Les vastes zones anticycloniques vissées sur la France depuis le début de l’an se décalent vers l’ouest, ce petit déplacement a de grandes conséquences sur notre temps. Avec un anticyclone centré à l’ouest de l’Irlande ou sur le Groenland, parfois accompagné de dépressions voyageant de l’Europe centrale à l’Italie, c’est un froid humide venu de Scandinavie qui déferle sur notre région. A Violay comme aux Sauvages, on entame le 14 février une série de 16 jours consécutifs sans dégel (un jour sans dégel est un jour ou même la maximale reste négative). La couche de neige s’épaissit rapidement, l’épaisseur moyenne atteint, les 21 et 22, un peu plus de 30 cm à Violay et environ 5 à Feurs ou à Villefranche. Le vent du nord accumule de grosses quantités de neige et il n’est pas rare d’observer des épaisseurs bien supérieures au mètre dans les zones sous le vent. Cette hauteur de neige n’a rien d’exceptionnel et reste bien en deçà de celles relevées en décembre 1990 (70 cm en moyenne à Violay) ou en novembre 1982. N’ayons pas la mémoire courte, il suffit de remonter seulement 2 ans en arrière (fin janvier début février 2003) pour avoir une couche moyenne similaire, à savoir une trentaine de centimètres à Violay. Cependant, cette année, les accumulations dues au vent sont en effet bien supérieures à celles de 2003.
De bien basses maximales.
Avec ce vent de nord soutenu, le froid bien installé en montagne a tout d’abord du mal à descendre en plaine et vallées. Du 14 au 22 février, la température moyenne est de –4.5° aux Sauvages, -4.2° à Violay, -4.1° à St-André mais –0.8° à Andrézieux, –0.4° à Feurs, +0.3° au Breuil, +1° à Villefranche. La couche de neige bien présente sur les hauteurs participe à l’entretient du froid. Le déficit thermique se fait surtout sentir sur les maximales, durant la période précitée, leur moyenne n’atteint que 0.7° à Andrézieux, soit un déficit de 7.2° sur la normale. Après le 22 , l’anticyclone quitte l’ouest de l’Irlande pour accoster sur le Groenland où il se renforce considérablement : plus de 1050 hPa au niveau de la mer. Le vent tourne alors au nord-est sur la France et devient de ce fait plus sec et plus froid à sa base. Les minimales de plaine font alors jeu égal avec celles des monts, on note par exemple le 26 une minimale de –6.6° à Villefranche, -8° à Violay, -8.2° à Andrézieux, -8.5° aux Sauvages et Montchal F., –8.9° à Feurs et St-André, -9° au Breuil, -9.2° à Riorges.
Des records comme s’il en neigeait.
L’hiver ne se laisse pas impressionner par l’arrivée de mars, bien au contraire. La dernière journée du mois est la plus froide de toutes celles de février, tant en température minimale qu’en maximale. Ce jour là et malgré un soleil omniprésent, le thermomètre ne monte pas au dessus de –0.3° à Bron, -0.5° à Villefranche, -3.3° à Andrézieux (soit le record de plus basse maximale pour un 28 février depuis au moins l’après-guerre), -4° à Montmelas, -5.2° à Montchal F., -6.1° à St-André, -6.5° à Grammond, -8.1° aux Sauvages et même –10.3° au col de la Loge. Le poste de Violay, particulièrement bien protégé du vent de nord-est arrive quant à lui à hisser sa maximale à –3.9°. Il serait dommage de passer sous silence la remarquable journée du 1er mars dans cet article réservé à février. Ce matin là, premier jour du printemps météorologique, les températures sont exceptionnellement froides. Villefranche bat son record mensuel de basse minimale avec –11.5°, il n’y avait donc jamais fait aussi froid en mars depuis au moins 1959. Le Breuil pulvérise lui aussi son record mensuel de froid avec –13.1°. Andrézieux approche d’un dixième de degré (-13.8°) le record de 1971. A Violay, la minimale de –14.2° devient la plus basse minimale de ce poste ouvert en 1994. Sur les plateaux, l’air froid nocturne produit par le rayonnement de la neige ne peut facilement s’écouler, la température de ce 1er mars est alors extrême : à St-Genest-Malifaux, on note une minimale de –26.3° dans le village et même de –31.5° au bord de la retenue de la Semène ! Il faut bien de nouveau préciser que toutes les températures citées dans cette chronique sont mesurées sous abri normalisé.
Mouillé à l’ouest, sec à l’est.
Le Bassin Roannais ainsi que la Plaine du Forez sont bien servis en liquide ce mois ci : Riorges, Feurs et Balbigny reçoivent 130 % de leur normale, 110 % à Andrézieux. La montagne arrive péniblement à 100 % à Violay et le Val de Saône est largement déficitaire (58 % de la normale à Villefranche et au Breuil). Voici la valeur millimétrique du cumul mensuel, eau et neige fondue, des postes de la région. Ce total est éventuellement suivi de l’abat du 11 février qui constitue à lui seul une bonne part de la lame mensuelle. Balbigny 48.1 / 24, Montrottier 37.8 / 12, Violay 62.4 / 18.4, Bully et Pommiers-en-B. 20, St-André-la-Côte 49.8 / 5.7, le Breuil 27.5 / 9, Montchal-F. 50.4 / 21.7, St-Vérand 46.1 / 21, Montchal-C. 64 / 20.1, Villefranche 25.1 / 7.7, Anse 22.5 / 5.1, les Sauvages 46.9 / 22.8, Bron 35.4 / 15.2, Andrézieux 35.6 / 15.6, Riorges 44 / 15.7, Feurs R. 43.3 / 22.3, Montmelas 34.9 / 13.5, Crêt de l’Oeillon 50.2 en janvier.
A Violay le 2 Mars 2005
M. Gagnard