Octobre 2005
Ce mois qui n’aura duré que 6 jours.
Il n’est pas difficile de dégager les principaux types de temps de cet octobre 2005 : il y a eu les 6 premiers jours… puis les 25 derniers. Le mois étale sa première semaine dans une grande fraîcheur humide, ventée et guère ensoleillée mais se rattrape ensuite en nous offrant trois semaines et demi d’un temps quasi-estival.
Au final, malgré le sérieux handicap thermique de sa première semaine, octobre 05 réussit le tour de force de se classer en seconde position parmi les plus chauds en température moyenne depuis au moins 1921 à Bron, depuis au moins 1946 à Andrézieux. Seconde position, car le record de 2001 n’est pas battu, il s’en faut toutefois de très très peu : 16.49° de moyenne à Bron pour octobre 2001 et 16.45° cette année, Andrézieux affiche 15.71° en 2001 et 15.70° cette année ! La photo-finish n’est en revanche pas nécessaire en ce qui concerne la moyenne mensuelle des températures minimales : 12.2° à Bron, c’est 0.3° de plus que l’an dernier et c’est du jamais vu depuis au moins 1921 ; 11.1° à Andrézieux, soit 0.2° de plus que le précédent record (1995). Ces pics de douceur ne se généralisent toutefois pas à l’ensemble des postes météo de notre secteur. Le premier contre exemple vient du Breuil (et plus généralement des stations situées en fond de vallée encaissée) où, avec 7.8°, la moyenne mensuelle des minimales est 1.2° en dessous de celle –record- d’octobre 1995. Le second cas particulier se trouve sur les hauteurs : à Violay la température moyenne de ce dernier mois est de 13.2° soit 0.5° de moins qu’en 1995 et 0.9° de moins qu’en 2001. Pourquoi une telle différence de traitement entre les plaines dégagées, les vallées encaissées et les sommets ? La réponse est dans le vent… dans ce turbulent vent du midi qui a soufflé tant de records durant la dernière semaine. Avec un tel flux, les nuits –même étoilées- ne peuvent se refroidir : des tourbillons tièdes viennent à tout instant râper le sol et dissiper l’air froid que celui-ci produit par rayonnement. On comprend pourquoi, dans les vallées abritées du vent, les minimales sont restées plus fraîches que dans les plaines. En montagne, il fait anormalement chaud lorsqu’un anticyclone est centré sur notre région : il y a peu de vent et les inversions nocturnes avec les plaines sont fréquentes et accentuées ; durant les 25 derniers jours de ce mois les hautes pressions élisent domicile sur l’est de l’Europe, elles nous protégent des précipitations mais nous imposent un fort vent de sud. Les minis violaysiennes ont été ce mois ci en moyenne plus fraîches de 0.5° que les foréziennes alors que durant les octobres 1995 et 2001 elles avaient été plus douces de respectivement 0.4 et 0.6 degrés.
Jours sombres et goutte froide.
La douce chaleur de fin septembre ne persiste pas en ce début de mois d’octobre, dès la soirée du premier la température flanche et de l’air d’origine scandinave s’engouffre dans la région. Ce courant de nord est toutefois très vite stoppé par le retour des hautes pressions entre la Grande-Bretagne et le Danemark ; trop tard, le mal est fait : l’air froid crée une dépression d’altitude à son arrivée au dessus des eaux chaudes de la Méditerranée. On assiste à la formation de ce que les météorologues appellent une « goutte froide » qui est une poche d’air froid en altitude, poche entourée d’air beaucoup plus chaud, d’où le terme de « goutte ». Cette dépression tenace calée sur le Golfe de Gênes nous plonge dans l’ombre, la fraîcheur et l’humidité pendant 6 jours. L’automne est bien là et même plus que là lorsque les premiers flocons apparaissent sous les averses dès 1100 m d’altitude l’après-midi de dimanche 2. Ce jour, les maximales nous rappellent aux bons souvenirs de l’automne avec, sur les hauteurs : 6.1° aux Sauvages, 7.2° à Violay, 3.7° au crêt de l’Oeillon. En plaine la fraîcheur est moins présente : 12.3° à Feurs, 13.6° à Pommiers-en-Beaujolais, 14° à Villefranche. Cette première offensive automnale trouve son apogée en plaine dans l’après-midi du 4, il ne fait ce jour là que 10.8° à Andrézieux au plus chaud de la journée, ce qui constitue en ce lieu la plus petite maximale enregistrée un 4 octobre depuis au moins 1946. Le Breuil bat aussi ce mardi 4 un record journalier de basse maximale avec 12.7°. Il ne faut pas compter sur la luminosité du ciel pour se consoler des basses températures et de la Bise : le cumul d’ensoleillement des 6 premiers jours du mois atteint seulement 2h 45min à Bron, 1h 45min à Andrézieux et un quart d’heure sur la crête des Sauvages à 830 m d’altitude. Les chauffages reprennent du service à toutes altitudes. Sommes-nous sur le point de revivre un octobre 1974 ?
Que la lumière soit !
Le 7 est la journée de transition qui fait basculer octobre d’un automne rigoureux à un été tardif : le ciel s’éclaircit, le vent tourne au sud, les températures franchissent allègrement la norme automnale qu’elles ne recouperont plus du mois. L’air froid matinal fait de la résistance en plaine entre le 7 et le 10, on relève par exemple 4.6° de mini à Feurs et au Breuil le 10, mais 11° dans le même temps à Violay, St-André-la-Côte et aux Sauvages. Les minimales du 10 sont encore plus contrastées sur le plateau de St-Genest-Malifaux avec –0.3° à 920 m d’altitude au bord de la Semène et 9° à 1020 m deux kilomètres plus loin. On oublie vite la fraîcheur dans l’après-midi du 10 où les maximales dépassent facilement les 20 degrés avec 23.5° à Bully, 23.7° au Breuil, 23.8° à Corbas, 24.1° à Andrézieux , 24.5° à Feurs Randan (et 25.7° le lendemain), 25° à Feurs et même 26° à Riorges. Le soleil se fait pardonner son absence de début de mois en alignant 4 journées de ciel bleu du 8 au 11, on bénéficie ces jours d’une moyenne de 10 heures et demi quotidiennes d’insolation.
Le temps se maintient au beau sec et chaud jusqu’au 17, des records journaliers de haute minimale tombent à Andrézieux et Bron le 12 avec respectivement 14.6° et 15.5°. D’ailleurs, il n’y a bien que les records de douceur qui tombent, les feuilles restent accrochées aux branches et la pluie s’abat sous d’autres cieux : le pluviomètre reste sec durant 11 jours consécutifs, du 7 au 17.
Parenthèse humide.
Une perturbation assez active arrive enfin à forcer le passage sur la France, la pluie débute le 18 en fin d’après-midi, cette pluie tant attendue fournit (valeurs arrondies au mm le plus proche) : 2 mm à Villerest, 7 à Andrézieux, 8 à St-Etienne ville, 9 aux Sauvages, 10 à Feurs Randan, 15 à Montchal Chanin et Violay, 16 au Breuil, 17 à Montrottier, 18 à Villefranche et Montmelas, 20 à Anse Pommiers-en-B. et Pierre-Bénite, 23 à St-André, 24 à Corbas, 29 à Bron, 35 à Satolas. Cet arrosage irrégulier mais bienvenu n’annonce pas pour autant un retour à l’automne, il arrive juste à couper la tête à quelques maximales du lendemain 19 : 17.5° à Villefranche, 19.7° au Breuil. Mais telles l’Hydre de Lerne, ces maximales repoussent de plus belle le même jour en Plaine du Forez : 21.2° à Andrézieux, 22.5° à Feurs.
La chaleur s’accentue.
La persistance de cette vague de tiédeur est remarquable pour la saison, elle devient exceptionnelle en se renforçant encore en fin de mois. Dès le 27 un puissant vent de sud lamine la région, on mesure des rafales à 80 km/h à Andrézieux, 90 km/h au col de la Loge, 117 km/h à Chalmazel à la station automatique de la Gardonnanche et 120 km/h sur cette même commune à la gare d’arrivée du télésiège des pistes de ski à 1460 m d’altitude. Ce flux de sud draine bien évidemment un air venu tout droit d’Afrique du Nord, les maximales (toujours fort élevées pour la saison) restent toutefois tempérées par cet énorme courant d’air tandis que les minimales de plaine s’établissent à des niveaux jamais rencontrés une fin octobre. Andrézieux bat 4 records journaliers de haute minimale entre le 28 et le 31, même chose à Bron avec en plus 3 records de haute maximale. C’est la nuit du 28 au 29 qui voit la plus grande douceur : le mercure ne descend pas en dessous de 16.8° à Anse et à Satolas, 17.3° à Andrézieux, 17.4° à Bron et Feurs R., 17.5° à Villefranche et Feurs, 17.7° à Corbas, 17.8° à Pierre-Bénite et même 18.2° à Riorges. Pendant ce temps, en fond de vallée, le thermomètre de Bully plonge à 10.2° et celui du Breuil à 9.9°. A Bron, les 17.4° établissent un nouveau record de haute minimale pour une troisième décade d’octobre depuis au moins celle de 1921. Cette langue chaude africaine remonte jusqu’en Norvège et Suède où des records de chaleur tombent, il y fait par endroits plus de 20°.
Dernier arrosage d’octobre.
173 heures, c’est la durée totale d’ensoleillement à Andrézieux durant ce mois, soit 35 heures de plus que la moyenne ; on reste assez loin des 195 heures d’octobre 1989 mais encore plus des 68.5 heures de 1992. Les héliographes des Sauvages et de Bron ne font pas mieux avec respectivement 163 et 164 heures d’insolation. La performance est de taille vu les 6 premiers jours gâchés par la goutte froide. Bien entendu, l’humidité relative est très basse pour un mois d’automne, on mesure une moyenne de 70% à Andrézieux, contre 81% habituellement pour un octobre ; même en août l’humidité est plus forte avec 71% de normale. Au soir du 31, les totaux pluviométriques sont de nouveau assez alarmants, la nuit suivante remet quelques pendules à l’heure, mais pas toutes. Lorsqu’on parle d’une hauteur de pluie associée à un certain jour, cette hauteur a été mesurée le lendemain de ce jour à 6h du temps universel donc à 7h du temps légal d’hiver français. Le relevé pluviométrique du matin de Toussaint est donc affecté au 31 octobre ; ce premier matin de novembre, les pluviomètres sont en général bien remplis, il permettent à certaines stations de doubler voire de tripler leur cumul mensuel. Dans l’ensemble, les communes du sud de la Loire et du Rhône ont reçu leur ration d’eau habituelle pour octobre, on remarque toujours un déficit dans le nord de ces départements. Vous trouverez la hauteur millimétrique de la dernière lame d’eau d’octobre après le cumul mensuel pour les postes de notre secteur : Balbigny 61/38.5, Montrottier 77.6/28, Riorges 56/36, Bully 61.1/30.7, Montchal Chanin 76.2/36.7, Violay 66.1/27.3, St-Etienne ville 78/34, Villerest 53.5/37.1, St-André 103.5/35, Corbas 87/29.8, Villefranche 70.6/35, Montmelas 62.3/24.8, Anse 72/30, Bron 93.8/33.8, Pierre-Bénite 67.7/29, Feurs 64/38.5, Feurs Randan 68.9/40, Pommiers-en-B. 70.5/31, le Breuil 64.5/28.8, les Sauvages 72.8/30.8, St-Genest-Malifaux 151/47.4, Satolas 83.8/6.8, St-Vérand 57.1/26.
A Violay le 2 novembre 2005.
M. Gagnard