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Avril 2006

Transition vers l’été ?

Après cinq mois consécutifs -de novembre à mars- plus froids que la normale, avril nous réchauffe quelque peu en hissant ses températures au dessus du niveau habituel. Il semble que nous soyons repartis dans le cycle des deux précédentes années, à savoir une période hivernale plus froide que la normale suivie d’une période estivale plus chaude que de coutume. La radicalisation des saisons semble donc se confirmer. Les excédents thermiques moyens de ce second mois du printemps météorologique sont toutefois assez modérés : Andrézieux note un surplus de 2° sur la moyenne mensuelle des maximales, 1.8° pour Bron et le Breuil ; les minimales sont plus proches des niveaux habituels avec respectivement 1°, 1.6° et 0.9° d’excédent pour les trois postes précités.

Peu de faits marquants ont ponctué cette période : on ne retrouve pas l’avril de 2003 et ses gelées dévastatrices ni celui de 2005 avec ses pluies et neiges anormales ; la seule rugosité de cet avril 2006 est l’abondante pluie du dimanche 9, pluie particulièrement bienvenue comme très souvent au printemps.

Le soleil n’a pas raté lui non plus son entrée en saison chaude, ses rayons ont brillé 200 heures à Andrézieux soit 25h de plus que d’habitude, 211 heures à Bron et seulement 187 heures sur les monts de Tarare, aux Sauvages. Ce notable ensoleillement reste malgré tout très en deçà de l’exceptionnel d’avril 1997 qui totalise 278 heures à Andrézieux.

Du côté du pluviomètre, la plaine lyonnaise a été relativement peu arrosée (seulement 79% de la normale à Bron) alors qu’une grande moitié nord des départements de la Loire et du Rhône enregistrent leur second mois consécutif excédentaire en eau (135% de la normale à Riorges et Violay par exemple).

Première décade de pluie.

La pluie abondante de mars déborde sur le mois d’avril en nous offrant une première décade fraîche et arrosée. La température est plutôt douce les 4 premiers jours puis se refroidit brutalement à partir du 5 où la neige poudre le paysage au dessus de 900 m environ. La minimale du 6 est la plus basse du mois sur les hauteurs, on la trouve à -0.2° à Montmelas, -1.5° aux Sauvages, -2° à Violay mairie, -2.4° à Montchal, -3° à St-André et -3.5° à Violay. Ce même jour en plaines et vallées, le thermomètre reste en général positif : 1.5° à Anse, 1° à Villefranche, 0.6° à Pommiers-en-Beaujolais et Bron, 0.5° au Breuil, -0.1° à Feurs. L’inversion se produit le lendemain 7 où cette fois-ci, la bise étant tombée, la plaine connaît ses plus basses minis du mois : -4° à Bully et Riorges, -3.5° au Breuil, -2.8° à Andrézieux, -2.7° à Feurs, -1.7° à Ecully et Villefranche, -0.9° à St-Etienne (proche du stade Geoffroy-Guichard), 0° à Bron. Ces journées du jeudi 6 au samedi 8 sont certes froides le matin mais agréablement lumineuses ensuite ; on peut bénéficier durant ces trois beaux jours d’une moyenne de 11.7 h de soleil si on se trouve aux Sauvages, de 9.9 à Andrézieux, de 10.6 à Bron.

Le temps se gâte sérieusement dimanche 9 où une zone pluvieuse de grande importance s’attarde sur la région ; la pluie débute en matinée de dimanche, se poursuit en journée et se renforce même la nuit suivante. Le refroidissement fait changer la pluie en neige vers 5h 30 le lundi matin à Violay ; trois heures plus tard, on mesure une couche d’environ 6 cm. Le cumul des précipitations de ce dimanche et lundi est remarquable (valeurs arrondies au millimètre le pus proche) :  St-Etienne 30mm, Pierre-Bénite 35, Riorges 41, Andrézieux et Corbas 42, St-Rambert et St-André-la-Côte 44, Bron 45, Feurs et Villerest 46, Leigneux 48, Les Sauvages 49, Pommiers 52, Balbigny 53, Ecully 54, Anse et Bully 56, Montrottier 57, Montmelas 58, Violay 59, Le Breuil Violay mairie et Montchal 61, Villefranche 65. Les seuls abats de ces deux jours constituent pour certains postes (comme Villefranche ou Bully) plus de 70 % du total mensuel.

Seconde quinzaine printanière.

Lundi 10 la neige se maintient toute la journée au dessus de 600 m environ, les maximales plafonnent à des niveaux très bas pour la saison. Au poste automatique des Sauvages, implanté à 831 m d’altitude sur la crête du Pouet, il ne fait que 0.1° au plus « chaud » de l’après-midi, ce n’est guère mieux à Violay avec 0.9° et St-André 1.6°. En plaine le thermomètre peine à lever la tête au dessus de 5° : 3.7° à St-Etienne, 5.1° à Feurs et Andrézieux, 6° à Riorges, 6.1° à Bron, 6.3° à Anse et le Breuil. A Pierre-sur-Haute la journée est hivernale avec -3.7° de maximale.

L’atmosphère a du mal à se réchauffer et ce n’est qu’aux environs du 15 que l’ambiance devient franchement printanière. Un semblant d’été séjourne même sur la région du 20 au 26. durant ces 7 jours, l’ensoleillement quotidien moyen dépasse juste 9h aux Sauvages, effleure 10h à Andrézieux et atteint 10.5h à Bron. Ce soleil de fin avril ne tarde pas à faire sortir de terre les températures maximales, les 25° fleurissent en plaine et les 20° sont dépassés sur les monts exceptés St-André, Violay mairie et les Sauvages toujours tempérés par un bon vent de sud. Lundi 24 est la journée la plus chaude du mois, on mesure alors des températures maximales dignes d’un été : 26° à Corbas, 25.6° à Feurs, 25° à Villefranche, 24.5° à Pommiers et Anse, 24.1° à Andrézieux, 22.1° à St-Etienne.

Cette année, il valait mieux fêter les classes dimanche 23 que dimanche 30… Les conscrits de Violay (le 30) peuvent témoigner, ceux d’Amplepuis (le 23) confirmer. Le mois se termine en effet sur une note froide mais heureusement ensoleillée, les thermomètres au matin du 30 sont presque tous dans le gel : 0° à St-André, -0.4° à Violay, -1.4° à Feurs le Breuil et les Sauvages, -2.1° à Andrézieux, -2.2° à Bully, -2.8° à Riorges.

Comme dit en introduction, ce mois d’avril est globalement bien arrosé, exception faite du sud Rhône et d’un secteur localisé vers St-Etienne. Voici en millimètres les abats totaux pour ce mois, l’éventuel pourcentage représente le rapport à la normale pour un mois d’avril.

Andrézieux 51.8/86%, Balbigny 76.1/125%, Montrottier 90.3, Riorges 70.7/135%, Bully 79/158%, Montchal 88.6, Violay 90.6/135%, Violay mairie 88.7, St-Etienne ville 47.4, Villerest 68.9, St-André 66.9, Corbas 57.4, Villefranche 88.4/146%, Montmelas 91.6/122%, Anse 78.9, Bron 57.4/79%, Feurs 57, le Breuil 95.6/171%, les Sauvages 90.8/135%, Ecully 67.8, St-Rambert 62.1, Leigneux 68.2, Pierre-Bénite 48.5, Pommiers–en-B. 77.2.

Bilan de la saison froide.

Dans le précédent papier, je soulignais le caractère étonnant de cette saison froide 2005-2006 en ce qui concerne le nombre de jours de gel. On rappelle qu’une « saison froide » débute le premier jour de gel de l’automne et se termine le dernier jour de gel du printemps suivant ; il est sans doute bon aussi de redire que les températures exposées dans cette chronique sont –sauf mention explicite contraire- toutes mesurées sous abri normalisé. Le poste de Grammond, créé en janvier 1986 et situé à 805 m d’altitude, est un des rares sites des montagnes du lyonnais à ne pas avoir changé d’emplacement depuis 20 ans ; le nombre de jours de gel durant cette dernière saison froide s’élève à 102 alors que son précédent record était de 92 lors de la période 1986-1987. A Violay, on compte pour l’instant 107 jours à minimale négative ou nulle, ils sont 109 à St-André, 110 aux Sauvages ; malheureusement pour ces 3 postes, on manque de recul pour situer la performance de cette saison froide 05-06. On peut raisonnablement penser qu’il faille remonter au moins 20 ans en arrière pour retrouver pareille performance.

En plaine le constat est semblable. Ainsi à Andrézieux, le nombre de jours avec gel atteint en cette saison froide 79 unités ; comme à Grammond, il n’y en avait jamais tant eu depuis 1986-87 (77 unités), mais on reste loin des 97 jours de 85-86, des 99 de 84-85, sans parler du record de 120 cas durant la saison froide 1972-1973. A Bron, cette dernière saison froide est encore celle qui comporte le plus de jours de gel (68) depuis celle de 1985-1986 qui en aligne 86 ; le record en la matière de cette station revient à 1941-1942 avec 88 jours de gel.

Bien entendu, ce bilan est provisoire, il n’est pas impossible qu’il fluctue au mois de mai ; si tel est le cas, une mise à jour sera faite à l’occasion du prochain article. Pour terminer, un mot sur le secteur certainement le plus gélif des départements de la Loire et du Rhône : le poste de St-Genest-Malifaux situé en bord de Semène. Il en est actuellement à 144 jours de gel. Le problème avec cet endroit est qu’il y gèle même l’été… Ainsi les 8 et 9 août dernier on y relevait des minimales de -1 et -1.6°. Le problème est alors le suivant : doit-on comptabiliser ces journées comme les dernières du printemps ou les premières de l’automne ? Je vous laisse méditer sur la question et vous souhaite un bon mois de mai.

 

A Violay le 3 mai 2006.

M. Gagnard

m.gagnard@univ-lyon1.fr

http://perso.wanadoo.fr/meteolyonnaise/indexclim.htm