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Juillet 2006.

Exceptionnellement chaud.

 

La température moyenne de ce juillet 2006 est remarquablement élevée : à Bron il s’agit du mois de juillet le plus chaud depuis le début des relevés en 1920, idem pour St-Genis-Laval depuis au moins 1881, même constat à Andrézieux qui débute ses séries en 1946 ou encore au Breuil –station ouverte en 1969-. La température moyenne mensuelle de ces quatre postes est de 26.3° pour Bron, de 26° pour St-Genis, de 24.1° pour les deux autres, soit un excédent sur la normale de respectivement 5°, 4.8°, 4.5° et 4.3°. Villefranche-sur-Saône se distingue un peu puisque ce juillet n’est pas le plus chaud depuis 1959 mais le second ; il accuse 0.1° de moins que celui de 1983.

Toujours en température moyenne, ce dernier mois de juillet se classe –à Bron, St-Genis et au Breuil- en seconde position parmi les plus chauds, tous mois confondus. On devinera sans peine que le mois le plus torride reste (mais pour combien de temps ?) août 2003 avec une moyenne de 26.8° à Bron et de 24.4° au Breuil. La différence thermométrique entre ces deux mois se mesure toutefois en dixièmes de degrés. A Pommiers-en-Beaujolais et Feurs Randan, la température moyenne de juillet 2006 réussit à dépasser de quelques dixièmes celle d’août 2003. En 2003, on a cru que l’on ne revivrait pas de mois aussi chaud avant longtemps ; pour ces deux localités, il n’a fallu attendre que 3 ans.

C’est dans le domaine des températures nocturnes que juillet 2006 devient véritablement exceptionnel. La moyenne mensuelle des minimales atteint 20.2° à Bron, 17.6° à Andrézieux et 16.1° au Breuil. A Bron et au Breuil, on ne trouve aucun mois avec une telle moyenne plus élevée, même août 2003 se révèle plus frais.

La plus faible minimale enregistrée ce mois à Bron est de 16.6°, ce qui revient à dire que jamais le thermomètre n’est descendu en dessous de cette valeur ; une si haute minimale absolue pour un mois civil ne s’était encore jamais produite –tous mois confondus- en cette station. Même août 2003 y avait abaissé son mercure à 14.7° et juin 2003 à 15.3°.

On compte ce mois ci et toujours à Bron, 11 minimales supérieures ou égales à 21 degrés, c’est inédit pour un mois de juillet, seul août 2003 en totalise autant. Parmi ces 11 nuits particulièrement torrides, 9 sont consécutives, c’est encore du jamais vu depuis au moins les années 20.

Le nombre de jours à maximale atteignant ou dépassant 30 degrés est de 25 unités à Bron, c’est encore un record, tous mois confondus, à égalité avec août 2003. St-André-la-Côte, village où le poste climatologique est particulièrement bien exposé au vent de sud (rafraîchissant lors de fortes chaleurs) ne compte que 3 jours à maximale supérieure ou égale à 30° ; à l’opposé, on en dénombre 26 à Pierre-Bénite. Entre ces deux valeurs extrêmes, on trouve 9 jours à Violay mairie ainsi qu’aux Sauvages, 10 à Montmelas (site aussi très venté), 11 à Violay, 16 à Montchal, 21 à Andrézieux, 23 à Satolas, 24 au Breuil à Villefranche aux deux postes foréziens et à Leigneux, 25 à Anse. La quantité normale de telles journées est de l’ordre de 5 en plaine pour un mois de juillet.

La différence avec août 2003.

On vient de constater, qu’à bien des égards, juillet 2006 se rapproche –voire même dépasse- en intensité le terrible août 2003. Pourtant, en regardant de plus près, ces deux mois sont bien différents l’un de l’autre. Août 2003 avait été excessif lors de sa première quinzaine et beaucoup plus sage ensuite. On ne distingue pas de telle partition dans ce dernier juillet qui se déroule entièrement dans la chaleur ; ses plus hautes maximales restent tout à fait banales pour un mois de juillet. A Andrézieux, la plus haute température mesurée ce juillet est de « seulement » 35.1°, la maximale avait dépassé quotidiennement 35.6° durant 11 jours consécutifs en août 2003 pour culminer à 39.3° le 13. Pareillement à Bron où août 2003 avait poussé deux pointes à plus de 40°, la plus haute de cette année est trois bons degrés en dessous ; Feurs avait atteint 40.8° il y a trois ans contre 36.9° au plus chaud de cette année.

 La canicule de juillet 2006 – tout comme celle de juin dernier d’ailleurs- est donc d’un autre type : une chaleur permanente, nuit et jour, mais sans excès au niveau des maximales. Il semble que ce type de chaleur passe plus inaperçu aux yeux du public qui a le temps de s’habituer à ces températures soutenues ; bon nombre de gens en effet paraissent étonnés d’apprendre que le mois de juillet qu’ils viennent de vivre est le plus chaud de leur existence. Une étude beaucoup plus complète (prenant en compte 19 stations de la Loire et du Rhône) compare août 2003 à juillet 2006 au travers de 12 critères ; celle-ci est publiée dans le bulletin de septembre de l’Association Météo d’entre Rhône et Loire. Bulletin en vente très prochainement à l’Epicerie de Violay et actuellement sur Internet : http://perso.orange.fr/meteolyonnaise/association/06telechargements.htm

Pluies orageuses.

Juillet est traditionnellement le mois le plus ensoleillé dans la région, cette année la règle est respectée.  Les héliographes de Satolas et Andrézieux totalisent 315 heures d’ensoleillement soit une quarantaine d’heures de plus qu’à l’habitude, celui de Bron atteint 330 et on se contente de 300 aux Sauvages. Les précipitations se produisent majoritairement du 3 au 7 juillet. Le cumul pluviométrique de ces cinq journées est fort apprécié par les cultures de la région ; arrondi au millimètre, il s’élève à 21 mm à Pommiers, 22 aux Sauvages, 27 à Bully, 28 à Montchal, 30 à Feurs Randan, 31 à Villerest, 33 à Montmelas et Corbas, 35 à Violay et Feurs, 36 à Riorges, 38 à Andrézieux Villefranche St-Rambert et Violay mairie, 39 à Ecully, 43 à Anse, 45 au Breuil, 46 à Bron, 51 à Leigneux, 58 à Satolas et Montrottier, 68 à Pierre-Bénite, 84 à St-André. Des orages très violents éclatent les 5 et 6 juillet, la grêle fait de nombreux dégâts sur un axe allant de St-Genest-Malifaux aux Echarmeaux. Ce temps orageux est d’ailleurs omniprésent du 13 juillet à la fin du mois, durant cette période, on dénombre 10 jours avec tonnerre à Violay. Comme toujours avec les orages, les abats de pluie sont fortement variables d’un secteur à un autre ; le cumul mensuel est donc lui aussi très hétérogène en variant du simple au plus-que-triple entre les Sauvages et St-André-la-Côte. L’éventuel pourcentage suivant le cumul mensuel millimétrique représente le rapport à la normale. Andrézieux 85.8 / 134%, Balbigny 62.7 / 120% (89 en juin), Montrottier 106.8, Villerest 76.5, Riorges 67.8 / 105% , Bully 58.4 / 97%, Montchal 52.5, Violay 64.3 / 85%, Violay mairie 72.7, St-Etienne ville 113.3, St-André 135.6, Corbas 41.8 / 68%, Villefranche 42.4 / 65%, Montmelas 70 / 92%,  Anse 54.3,  Ecully 48.3, Bron 49.4 / 79%, Feurs 70.5, Feurs Randan 77.3 / 110% (43 mm en juin), le Breuil 69.6 / 123%, les Sauvages 38.9, St-Rambert 97.9, Leigneux 69.1, Pierre-Bénite 74, Satolas 63, Pommiers-en-Beaujolais 45.9.

 

 

Août 2006

Tempère l’été.

 

Quel changement ! En année normale, août possède -à quelques dixièmes de degré près- la même température moyenne que juillet. Cette année la différence entre moyenne de juillet et moyenne d’août atteint 6.2° à Bron et Villefranche, 6.4° au Breuil, 6.5° à Andrézieux, 6.8° à Anse et même 7.6° à Violay. Une telle chute thermique entre ces deux mois estivaux n’avait jamais été enregistrée auparavant ; le précédent record était de 4.3° en 1921 à St-Genis-Laval, de  3.9° en 1924 à Bron.

Le refroidissement entre juillet et août mesuré par la température moyenne des maximales est encore plus spectaculaire, il atteint 9.3° à Violay.

A Andrézieux, Bron et Villefranche il faut remonter en 1979 pour avoir un août plus froid en température moyenne ; globalement, un août aussi frais ne s’était pas vu dans la région depuis la fin des années 80.

L’été climatologique 2006 (qui comporte les trois mois entiers de juin à août) est donc achevé. Malgré la piètre performance thermométrique d’août, cet été réussi le tour de force de se classer : à Andrézieux en 4ème position parmi les plus chauds depuis au moins 1946 (même classement pour Villefranche depuis 1959), à Bron en troisième position depuis au moins 85 ans.

Les Etats dépressionnaires engendrent des états dépressifs.

En France cette année, comme en 2004 d’ailleurs, il valait mieux être juilletiste qu’aoûtien. Chez ces derniers, août 2006, avec ses températures automnales et ses averses froides, a créé bon nombre d’états dépressifs… Ce froid inhabituel nous vient bien évidemment du nord : des « gouttes froides » qui sont en fait des poches d’air froid de la taille d’un pays détachées des zones septentrionales, voyagent au nord de la France, entre Ecosse, Belgique et Danemark. Ces dépressions aspirent de l’humidité lors de leur passage en Mer du Nord, comme leur air est très froid en altitude (de -20 à -25° vers 5500 m) cette humidité condense et provoque d’imposants nuages de pluie. Les Etats particulièrement dépressionnaires, du Benelux au Danemark et à l’Allemagne, reçoivent d’importantes quantités d’eau tandis que nous subissons un rafraîchissant vent de nord-ouest arrosé de bonnes pluies.

Le 3, les maximales sont au plus mal avec seulement 12.9° aux Sauvages et, pour la première fois depuis le 4 juin, des valeurs inférieures à 20 degrés en plaine : 19.8° à Andrézieux. Afin de rendre cette soudaine fraîcheur encore plus insupportable, de bonnes pluies s’abattent sur le secteur ; on relève du 2 au 3 : 41.1 mm à Violay mairie, 40 aux Sauvages, 26 à Bron. Dans les Alpes du nord, les sols blanchissent dès 2000 m, le tapis blanc dépasse 10 cm en Bavière au dessus de 2500 m.

Températures K.O. 

Après ce chaos thermique dès l’entame du mois, les températures ont beaucoup de mal à revenir dans la partie. On note un léger mieux du 7 au 10 avec des maximales de l’ordre de 25 degrés en plaine ; puis le temps se rafraîchit de nouveau à cause d’une nouvelle goutte froide aux destinées identiques à la première. Les journées du 12 au 14  anéantissent les derniers espoirs aoûtiens : un record de basse maximale pour 12 août est battu à Andrézieux où il ne fait que 17.8° au plus chaud de l’après-midi (même constat à Feurs avec 18.4°) ; à Pierre-sur-Haute ce jour là, la maximale se traîne à 6.1°. La pluie remet une douche sur notre région et la neige une couche sur les Alpes. Le répit est fugace. Une nouvelle dépression, sur l’Atlantique celle-là, fait éclore les roses –ceux qui n’ont pas d’épine et qui se mangent- dans les prés, avec une lame d’eau de 20 à 40 mm du 16 au 17.

La journée du 29 est exécrable dans les monts, au meilleur de l’après-midi il ne fait que 11.2° à Violay. La région stéphanoise bénéficie d’un étonnant pic de douceur en fin d’après-midi, ce qui lui permet de hisser sa maximale au dessus de 18°.

Avec ces pluies et ces vents de nord quasi-permanents, la maximale absolue du mois –à savoir la plus haute maximale relevée durant le mois- est exceptionnellement basse pour un août. A Andrézieux, elle a lieu le 1er avec 27.1°. Il est assez rare de ne pas dépasser 30° lors d’un mois d’août ; en ce lieu, ce n’était arrivé que 3 fois depuis l’après guerre : en 1978 (29.9°), 1968 (29°) et 1963 (29.6°). Cette année, août bat donc largement le record de plus basse maximale absolue mensuelle. Sur les monts, à Violay et aux Sauvages, le thermomètre ne dépasse jamais 23.9° durant ce mois.

L’ensoleillement est bien évidemment déplorable ; à Andrézieux (202h d’ensoleillement ce mois ci), on ne dénombre que 2 aoûts plus sombres dans les 36 dernières années ; c’est 55 heures de moins qu’à l’accoutumée. Bron ne mesure que 205 heures de soleil et encore moins aux Sauvages : 172 heures seulement.

La faible luminosité d’août n’arrive toutefois pas à assombrir l’été dans son ensemble (juin-juillet-août), puisque son ensoleillement dépasse d’une quarantaine d’heures celui d’un été normal.

Le cumul pluviométrique mensuel  est excédentaire sans être exceptionnel, il reste bien en deçà de celui d’août 2004. Voici les millimétriques lames d’eau mensuelles : Andrézieux 73.6 / 105%, Balbigny 107.9 / 156%, Montrottier 106.1, Villerest 96.7, Riorges 105 / 156%, Bully 70.8 / 107%, Montchal 132.4, Violay 134.3 / 132% , Violay mairie 139.3, St-Etienne ville 64.2, St-André-la-Côte 98.9, Corbas 107 / 170%, Villefranche 128 / 177%, Montmelas 110 / 162%, Anse 103.5,  Ecully 89.1, Bron 101.2 / 147% , Feurs 81.5, Feurs Randan 96.1 / 155%, le Breuil 97 / 140%, les Sauvages 149.3, St-Rambert 57.3 , Leigneux 83.3, Pierre-Bénite 91.9, Satolas 94.4, Pommiers-en-Beaujolais 117.4 / 168%.

 

A Violay le 4 septembre 2006.

M. Gagnard

m.gagnard@univ-lyon1.fr

http://perso.orange.fr/meteolyonnaise/indexclim.htm