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Octobre 2006

Dans le rouge.

 

Octobre serait-il devenu à l’automne ce que juin est au début de l’été ? Depuis 1995, ce sont en effet les mois de juin et d’octobre qui ont vu leur température le plus augmenter. La température moyenne des 12 derniers juins présente, à Andrézieux, un excédent de 2° sur la moyenne des 30 juins de 1971 à 2000. Ce même excédent en ce qui concerne octobre est de 1.8°. Les autres mois de l’année voient tous une progression, mais bien inférieure : 0.7° en moyenne.

En 1995, le mois d’octobre avait été le plus chaud depuis le début des relevés météo fiables dans notre région (1881 à St-Genis-Laval, 1920 à Bron, 1946 à Andrézieux). A l’époque, l’événement avait fait du bruit dans le petit monde météorologique : le record avait en effet été battu d’un bon degré, ce qui est remarquable à l’échelle mensuelle. On pensait alors que l’on avait fort peu de chances de revoir un pareil mois de sitôt… 6 ans plus tard est arrivé l’inattendu octobre 2001 avec quelques dixièmes de degrés de plus ; l’an dernier, octobre égalait à quelques centièmes de degrés près sa performance de 2001. Cette année, octobre a expulsé celui de 1995 hors du podium ; le mois que nous venons de vivre est l’octobre le plus chaud en température moyenne jamais enregistré dans le secteur, son surplus thermique vis-à-vis de la normale s’élève à 4.1° à Andrézieux, 4.2° à Bron, 4.0° au Breuil, 3.8° à Villefranche. Sa température moyenne mensuelle surmonte de près d’un demi degré celle d’octobre 1995. Les temps changent vite en climatologie : octobre 1995 est sur le point d’être oublié, oublié comme l’a été juin 1976 après les éditions de 2002, 2005, 2006 et surtout 2003.

Si la température moyenne du second mois de l’automne météorologique 2006 est exceptionnellement élevée, elle le doit essentiellement à ses températures minimales. Là encore, à Andrézieux et au Breuil on n’avait jamais mesuré de moyenne des minimales aussi élevée en octobre (respectivement 3 et 4° au dessus de la normale). On retrouve encore ce mois-ci les mêmes caractéristiques des mois de juin, juillet et septembre de cette année : chaleur soutenue sans excès et un niveau très élevé des minimales. Sur les sommets du Forez, à Pierre-sur-Haute, ce mois d’octobre réussit le tour de force de présenter une température moyenne (8.7°) supérieure à celle d’août dernier (8.5°).

Septembre et octobre 2006 ont donc été particulièrement chauds ; même si novembre accusait un déficit thermique de l’ordre du degré, l’automne météorologique 2006 serait tout de même le plus doux jamais enregistré.

Des rafales renversantes.

Les deux premiers jours d’octobre se déroulent dans une atmosphère calme et excessivement douce à défaut d’être chaude par manque de soleil. Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, la température ne descend pas en dessous de 18.5° à Bron : on n’y avait jamais relevé de si haute minimale un premier octobre depuis le début des mesures en 1920. Cette belle sérénité ne tarde pas à être bousculée –et même sévèrement- le 3 ; ce jour là, un front froid traverse la région aux alentours de midi. Les rafales de vent sont impressionnantes pour le secteur : mon anémomètre de Violay enregistre une rafale à 91 km/h ; jamais pointe de vent n’avait atteint cette vitesse depuis la tempête du 27 décembre 1999 où je n’avais enregistré « que » 116 km/h sur ce même anémomètre situé, il faut le dire, à un emplacement assez protégé. Sur les sommets du Massif Central, le vent atteint ce jour là des vitesses renversantes : 187 km/h au sommet du puy de Dôme et même 250 km/h sur un pylône de remontée mécanique du Lioran sur la crête du Plomb du Cantal !

Sans être exceptionnelle, la chute de température consécutive à ce passage de front n’en reste pas moins remarquable : l’enregistreur de Violay situé à 1000 m d’altitude à quelques pas de la tour Matagrin* passe de 15° à 11h 22 à 10.9° à 11h 30. Pour couronner le tout, la foudre fait quelques misères aux compteurs électriques ; ce jour avec tonnerre est, à Violay, le 37ème de l’année, ce qui constitue un record haut depuis au moins 13 ans. Ce coup de tabac, qui déracine quelques résineux dans le haut Beaujolais, n’annonce pas pour autant le début de l’automne : les températures restent de saison jusqu’au 7.

Première bouffée chaude.

L’été revient nous rendre visite du 8 au 11 : les minimales retrouvent des valeurs à 2 chiffres sur tout le secteur et les maximales profitent d’un vaillant soleil pour allègrement sauter la barre des 20 degrés. Durant cette période de 4 jours, lundi 10 est la journée la plus chaude : les maximales touchent des niveaux qui auraient été les bienvenus en août dernier, essentiellement en Plaine du Forez où Andrézieux bat son record de haute maxi pour un 10 octobre avec 24.6°. On relève cet après-midi là des pointes à 25.1° à Feurs Randan, 23.7° à Bron, 23.6° à Villefranche, 23 à Pommiers-en-Beaujolais et Anse, 22.8° à Montchal, 20.9° à Violay, 20.4° à Montmelas, 18.6° aux Sauvages, 18.2° au sommet du mont St-Rigaud* à 1012 m d’altitude ainsi qu’à St-André la Côte, 17.9° à Violay Matagrin, 17.3° au col du Béal, 15.9° à Pierre-sur-Haute*. Quelques pluies mettent fin à cet éclat d’été dans la nuit du 11 au 12 ; les maximales redeviennent plus sages mais l’ambiance ne bascule pas pour autant dans l’automne grâce au niveau soutenu des minimales.

Fin de mois en surchauffe.

Une zone de basses pressions stagnant sur le proche Atlantique nous souffle un désagréable vent de sud à partir du 17. Ce courant d’air, parfois violent, s’éternise durant 10 jours. La principale conséquence de cet incessant afflux d’air est l’extraordinaire douceur des minimales, principalement en plaine. Lors de nuits pareillement agitées, le sol ne peut retenir le froid qu’il fabrique, même sous un ciel parfaitement étoilé. Le froid produit par rayonnement sur les premiers centimètres au dessus du sol est immédiatement dilué dans les tourbillons tièdes. Dans ces conditions, Andrézieux bat de nouveaux records de douceur nocturne : tout d’abord le 23 avec une minimale de 17.5° puis le 26 avec pas moins de 17.3°. Afin de bien situer la performance, il est bon de rappeler qu’à cette époque de l’année, les minimales se situent en moyenne en ce lieu entre 5 et 7° ; il n’est donc pas exagéré de parler de nuits estivales.

Les maximales s’accommodent mal de ce flux de sud ; certes elles se situent toutes bien au dessus des normales, mais n’approchent pas des valeurs records. La raison de cette toute relative modestie est encore à chercher au niveau du sol. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la principale source de chaleur pour l’air n’est pas directement le soleil, mais le sol : le soleil chauffe le sol qui lui-même chauffe l’air. Avec un vent aussi constant et turbulent que celui-ci, la moindre parcelle d’air réchauffée par le sol est immédiatement dispersée dans toutes les couches de l’atmosphère ; on n’assiste donc pas à une surchauffe excessive des premiers mètres au dessus de la surface terrestre.

Jeudi 26 les hautes pressions reviennent sur la France et le vent se calme au fil de la journée. Les maximales dépassent alors les bornes en bousculant de nouveau les records de douceur. Les thermomètres atteignent des niveaux inédits pour un 26 octobre : 27.8° à St-Chamond, 27° à Riorges, 26.9° à Charlieu Feurs et Satolas, 26.8° à Villefranche, 26.7° à Bron, 26.5° à Liergues et Anse, 26° à Pommiers-en-B., 25.8° à Andrézieux, 24.8° à Rozier-en-Donzy et Machézal, 24.3° à Montmelas, 23° à Grammond, 22.5° à Violay mairie, 20.7° au Saint-Rigaud, 20.3° à Violay Matagrin, 17.7° au crêt de l’Oeillon, 16.5° au col du Béal, 14.4° à Pierre-sur-Haute. Les records de hautes maximales explosent aussi le lendemain 27 octobre.

Peu de pluies.

En octobre, il est difficile de concilier des températures plus que printanières et une abondante pluviométrie. Les pluies sont donc globalement déficitaires, concentrées essentiellement sur les 3-4 et 19-20 octobre. La liste ci-après fournit les différents cumuls mensuels millimétriques ainsi que l’éventuel rapport à la normale. Andrézieux 40,8 / 60 %, Balbigny 47,2 / 65 %, Montrottier 59,1 , Villerest 50,5 , Riorges 43,4 / 66 %, Bully 50,3 / 73 %, Montchal 58,2 , Violay 66,9 / 84 %, Violay mairie 68,2 , St-Etienne 50,2 , St-André 75,8 , Corbas 48,9 / 52 %, Villefranche 55,0 / 70 %, Montmelas 64,0 / 68 %, Anse 59,1 , Ecully 64,5 , Bron 52,2 / 55 %, Feurs 47,0 , Feurs Randan 55,4 / 83 %, le Breuil 52,2 / 75 %, Les Sauvages 58,3 , St-Rambert 40,2 , Leigneux 38,5 , Pierre-Bénite 53,1 , Satolas 61,8 , Pommiers-en-B. 58,9 / 66 %.

 

* : les minis/maxis quotidiens de Violay Matagrin, mont Saint-Rigaud, Pierre-sur-Haute et de bien d’autres postes sont publiés par l’Association Météo d’entre Rhône et Loire dans son bulletin mensuel en vente à l’épicerie de Violay. Vous pouvez également télécharger ces bulletins sur INTERNET à l’adresse suivante : http://perso.orange.fr/meteolyonnaise/association/06telechargements.htm

 

A Violay le 4 novembre 2006.

M. Gagnard

m.gagnard@univ-lyon1.fr

http://perso.orange.fr/meteolyonnaise/indexclim.htm