2007 une année… à deux semestres.
L’année 2007 était partie à la manière d’une année désireuse de battre 2003 sur le tableau des températures moyennes : un hiver tiède (le second plus doux à Lyon depuis au moins 1921), un printemps au parfum d’été (le plus chaud à Lyon depuis au moins 1921), suivis d’un mois de juin lui aussi largement excédentaire en calories. D’ailleurs le premier semestre 2007 est le plus chaud enregistré à Bron depuis au moins les Années Folles, il relègue son dauphin (le premier semestre 2003) à plus d’un demi-degré, ce qui est considérable sur une aussi longue période. La défaillance est arrivée début juillet et les 6 derniers mois de ce millésime ont tous été plus frais que la normale. Six mois consécutifs plus frais que la normale, voilà une chose peu banale, il faut en effet remonter à l’année 1978 pour trouver une salve froide plus longue. Au final, et grâce à son excellent début de course, 2007 se classe tout de même dans les 10 premières années les plus douces au regard de sa température moyenne. On la trouve en 7ème position au Breuil (début des mesures en 1969) ainsi qu’à Villefranche (début des mesures en 1959), à la 8ème place à Lyon-Bron (1921) et au 9ème rang à Andrézieux (1946).
En ce qui concerne les précipitations, l’année que nous venons de terminer ne supporte pas la même partition que celle exposée à propos des températures. Les 4 mois fortement excédentaires ont été clairement ceux de mai à août ; avril, octobre et dans une moindre mesure décembre ont été nettement secs tandis que les 5 autres mois se sont déroulés dans la norme. Globalement, 2007 est une année plutôt bien arrosée : tout à fait conforme à la normale à Bron, 4% d’excédent au Breuil, 9% de surplus à Andrézieux et 15% de rabiot à Villefranche.
Le soleil n’a pas été très généreux cette année ; surtout en été qui a été, à Andrézieux, le plus sombre depuis au moins 35 ans à égalité avec celui de 1987. Il est d’ailleurs amusant de constater, à Bron et st-Exupéry, que le mois le plus ensoleillé de l’an a été avril. Cumulées sur l’année, les heures d’insolation ont été déficitaires d’une petite centaine d’heures à Andrézieux et au contraire excédentaires d’environ 70 heures sur l’agglomération lyonnaise.
Décembre 2007 : froid en plaine, doux en montagne.
Voilà un mois bien singulier que ce décembre 2007, un mois comme on en rencontre rarement puisqu’il faut se transporter en décembre 1989 ou janvier 1990 (en janvier 1997 dans une moindre mesure) pour revivre le phénomène. Cette particularité réside dans la température moyenne : celle de ce dernier mois de l’année civile 2007 est en effet souvent plus faible en plaine qu’en montagne. La longue période de fortes inversions (du 16 à Noël) a réussi en 10 jours à rendre les moyennes mensuelles des vallées plus faibles que celles des hauteurs. Ces quelques moyennes mensuelles de température montrent l’ordre de grandeur de l’anomalie : 2.1° à Feurs Randan (alt : 330 m) et 2.9° à Montchal (600 m), 1.4° au Breuil (270 m), 1.9° aux Sauvages (830m), 2.2° à Montmelas (510 m), 2.3° à St-André-la-Côte (860 m), 2.6° à Pomeys (600 m).
Retour du flux d’ouest.
Dans l’hémisphère nord, les vents dominants en altitude (vers 5000 m) sont de secteur ouest dans la tranche de latitude allant de 15° au pôle. Lorsque cette circulation générale est interrompue en un endroit, en fait elle est seulement déviée, on dit que ce lieu est soumis à un blocage. Depuis début septembre et jusqu’à fin novembre, nous avons vécu une longue période de blocage, il en a été question dans cette rubrique. Début décembre, le verrou saute enfin et nous retrouvons ce que les météos appellent « le rail atlantique » à savoir un vent d’ouest véhiculant à des périodes de l’ordre de la journée des perturbations pluvieuses associées à une température clémente. Durant la première décade de décembre, les précipitations sont en effet quasi quotidiennes et le pluviomètre cumule lors des 11 premiers jours une lame d’eau relativement modeste en Plaine du Forez ainsi qu’en Val de Saône (zones abritées du flux d’ouest) : 23 mm à Feurs Randan, 25 au Breuil et à Andrézieux, 26 à Villefranche. Ce cumul double en prenant de la hauteur : 43 mm à Violay et Montchal, 47 à St-André, 48 aux Sauvages et quadruple sur la crête des Monts du Forez avec 108 mm au col du Béal. Quelques rares et faibles gelées se remarquent en début de mois dans les bas fonds ; mais l’ambiance générale de cette première décade est douce, particulièrement le 6 où sous un effet de foehn, les maximales de Villefranche et du Breuil atteignent ou dépassent 15° alors qu’il ne fait que 7.3° au plus chaud à la tour Matagrin et 6.9° au sommet du St-Rigaud, postes situés 800 m au dessus de la Saône. Ce gradient important de +1° par 100 m de descente est aussi observé sur la façade sous le vent des Monts du Forez : 2.9° de maxi à l’enregistreur de Pierre-sur-Haute (1600 m) et 14.7° à Montbrison 1200 m en contrebas.
Une traverse sur le rail.
Ce temps océanique ne dure que l’espace d’une dizaine de jours : dès le 12, de hautes pressions se constituent des Açores en Norvège. Cet anticyclone stoppe l’alimentation d’ouest sur l’Europe Occidentale, la ligne est coupée. Très vite, dès le 13, le centre de l’anticyclone (plus de 1040 hPa de pression au niveau mer) se positionne entre Baltique et Mer du Nord et y reste jusqu’au 16. L’air que ce mastodonte nous pilote est un air venu du nord mais pas en droite ligne : il passe par l’Europe Centrale avant d’arriver chez nous. La montagne se refroidit très rapidement tandis que la plaine conserve une ambiance relativement douce ; le 12, la maximale de Violay Matagrin est négative (-1.7°) alors que la minimale de Feurs est encore loin du gel : 1.3°. On retrouve, en un peu plus accentuée, cette répartition de température entre le St-Rigaud et le Val de Saône : -1.4° au plus chaud sur le sommet du Rhône et 3.5° au plus froid à Villefranche. Le 16, la très relative douceur résiste encore sur le Lyonnais avec 0.2° de maximale à Corbas et Bron, pendant que l’on grelotte à Montchal, St-André ou Montmelas avec respectivement -4.9°, -5.3° et -3.6° de maximale. Les précipitations ont totalement disparu de la région avec l’installation de l’anticyclone, elles reviendront timidement le lendemain de Noël seulement.
Le monde à l’envers.
Petit à petit, le vent en altitude, faible, s’oriente au sud-est et la montagne se radoucit considérablement. Le 17, la limite entre air doux et air froid se situe quelque part vers 1500 m puisque la maximale de Pierre-sur-Haute est largement positive (+2.7°) tandis que celle du col du Béal reste sous la glace avec -3.0°. L’épaisseur d’air froid plaqué au sol diminue de jour en jour et nous assistons alors à de saisissantes inversions entre nos vallées et nos montagnes. Le 19 à 8h18, la station automatique de Pontcharra-sur-Turdine affiche -10°, au même instant il fait +0.8° 650 m au dessus à Violay Matagrin. Le 21, la minimale du mont St-Rigaud est de +2° lorsque celle du Breuil plonge à -11°. Pour Noël, la situation n’a toujours pas évolué, le Val de Saône aligne un 10ème jour consécutif sans dégel alors que soleil et douceur règnent en maîtres sur les hauteurs immédiates. Ce jour férié est remarquablement printanier en montagne : la station automatique de Météo France à Graix (Pilat) située à plus de 1150 m d’altitude enregistre un maximum ensoleillé de 12.9° alors que les habitants de St-Jean d’Ardières (Val de Saône) doivent se contenter d’un brouillard tenace avec -2.5° au plus chaud de la journée. Quelques épisodes de « neige industrielle » sont notés du côté de Pierre-Bénite et de St-Etienne durant cette période ; le jour de Noël dans cette première localité la couche atteint tout de même 2 cm alors que 300 ou 400 m au dessus de cette neige, le soleil illumine un ciel tout bleu.
Deux nombres suffisent pour clore et résumer cette période d’inversions : la durée d’ensoleillement aux Sauvages entre le 17 et le 25 décembre est de 61 heures, soit presque 100% de soleil pour une fin décembre ; cette durée est similaire à Andrézieux avec 58 heures, elle chute à seulement 11 heures à Bron et… 12 minutes (oui « minutes ») à l’aéroport de st-Exupéry !
Les dérapages de fin d’année.
La petite pluie qui tombe le lendemain de Noël gèle instantanément en arrivant sur le sol, essentiellement en plaines et vallées. Nous assistons alors à la formation de verglas. Le « vrai » verglas est en effet par définition de la pluie qui gèle en arrivant au sol ; il peut donc se produire par des températures sous abri largement supérieures à zéro degré. La circulation dans le Val de Saône est perturbée et dangereuse, même chose en Plaine du Forez et dans toutes les vallées des monts du Lyonnais et Beaujolais. Ces quelques millimètres de pluie sont insuffisants pour donner à décembre un cumul d’eau conforme à la normale. La première liste donne l’abat d’eau millimétrique de décembre éventuellement suivi du rapport à la normale, la seconde fait de même avec le total annuel. Les cumuls de Feurs sont à prendre avec beaucoup de prudence : le pluviomètre automatique étant dangereusement proche d’un cèdre ; ceux de Mr Benier (Feurs Randan, pluviomètre manuel) sont quant à eux exempts de tout soupçons. Andrézieux 26,0 / 74 %, Balbigny 33,3 / 78 %, Montrottier 41,9 , Villerest 26,3 , Riorges 20,8 / 46 %, Bully 27,6 / 58 %, Montchal 50,1 , Violay 51,3 / 76 %, Craintilleux 27,6 , St-Etienne 40,6 , St-André 51,5 , Corbas 27,9 / 50 %, Villefranche 36,4 / 71 %, Montmelas 64,2 / 96 %, Anse 28,8 , Ecully 31,2 , Bron 24,6 / 44 %, Feurs 19,5 , Feurs Randan 27,6 / 76 %, le Breuil 27,6 / 52 %, Les Sauvages 55,8 , St-Rambert 24,3 , Leigneux 50,9 , Pierre-Bénite 28,5 , Satolas 33,0 , Pommiers-en-B. 34,5 / 65 %.
Andrézieux 765,6 / 109 %, Balbigny 852,4 / 120 %, Montrottier 971,4 , Villerest 735,5 , Riorges 794,4 / 115 %, Bully 747,0 / 105 %, Montchal 1104,4 , Violay 1052,5 / 113 %, , St-Etienne 919,2 , St-André 990,6 , Corbas 889,2 / 105 %, Villefranche 872,1 / 115 %, Montmelas 1028,0 / 115 %, Anse 848,2 , Ecully 920,1 , Bron 842,0 / 100 %, Feurs 683,0 , Feurs Randan 808,7 / 123 %, le Breuil 754,3 / 104 %, Les Sauvages 1141,7 , St-Rambert 714,1 , Leigneux 824,3 , Pierre-Bénite 971,7 , Satolas 816,4 , Pommiers-en-B. 830,9 / 108 %.
L’association Météo d’entre Rhône et Loire a édité son recueil des données climatologiques de l’année 2007. Il s’agit d’un fascicule de 90 pages où sont répertoriés tous les relevés quotidiens de ses 35 stations réparties sur le Rhône et la Loire. Une fiche bilan a été faite pour chacune de ces stations. Au final, une mine de renseignements d’environ 50 000 valeurs. Ce recueil est en vente au prix de 15 euros port compris. Tous les renseignements sont sur le site de l’Association : www.meteo-rhone-loire.org à la rubrique recueils ou par email à m.gagnard@univ-lyon1.fr ou encore à l’ancienne : 04 74 63 92 06.
Notez enfin que l’association va passer sur les ondes de France-Inter, soit lundi prochain 14 janvier soit mardi 15, à l’émission « carnets de campagne » entre 12h 30 et 12h 45.
A Violay le 9 janvier 2008.
M. Gagnard
m.gagnard@univ-lyon1.fr
http://perso.orange.fr/meteolyonnaise/indexclim.htm