Eté 2007.
L’été des limaces.
L’été météorologique 2007, conventionnellement constitué de juin juillet et août, vient de s’achever. Pris dans sa globalité, cet été 2007 affiche une température moyenne très légèrement supérieure à la normale : 0.1° d’excédent à Andrézieux et le Breuil, 0.2° à Bron. Sur nos monts, la tendance est plutôt à un faible déficit, de l’ordre de 1 à 2 dixièmes de degrés. Finalement, on peut considérer cet été 2007 comme assez conforme à la normale en ce qui concerne sa température moyenne. Je me doute bien que de telles phrases risquent de faire bondir le lecteur… quelques lignes explicatives devraient dissiper l’éventuel malentendu. Tout d’abord, la « température normale » en question est la température moyenne des 30 étés météorologiques de 1971 à 2000 et dans cette période, il y a eu beaucoup d’été très frais : pensons en particulier à ceux des 5 années consécutives de 1977 à 1981. Les 6 récents étés de 2001 à 2006 ont tous été largement plus chauds que le dernier en date (2° de plus en moyenne, ce qui est considérable à l’échelle d’une saison) ; seulement ces 6 étés chauds, vous l’avez compris, n’entrent pas encore dans la liste conventionnelle des années « à normale ». Patience, dès le 1er janvier 2011, l’adjectif « normal » s’appliquera à la moyenne des mesures pratiquées entre 1981 et 2010 ; les 4 étés froids de 1977 à 1980 disparaîtront et les six torrides du début des années 2000 pèseront de tout leur poids. Ensuite, nous parlions de température moyenne sur 3 mois. Si on regarde de plus près la température des seuls mois de juillet et d’août, c’est-à-dire si on exclut juin de l’affaire, alors la tendance est clairement au déficit thermique : -0.6° au Breuil et à Bron, -0.7° à Andrézieux. Enfin nous pouvons aussi nous intéresser à la moyenne des températures maximales, certainement les plus influentes sur le moral estival de la population et donc sur le ressenti humain du temps. Si, de plus, nous nous restreignons à l’ensemble de juillet et d’août alors le coup de froid sur ces maximales devient remarquable avec -1.2° au Breuil et même -1.7° à Bron et Andrézieux. Voilà, en résumé, on peut faire dire beaucoup de choses aux chiffres si on ne prend pas garde de bien préciser à quoi ils se rapportent.
De l’eau comme s’il en pleuvait.
Abordons à présent le sujet des précipitations. Sur ce plan là, l’été 2007 fait incontestablement partie des étés les plus humides. A Andrézieux, les 317 mm tombés entre le 1er juin et le 31 août placent l’été 2007 en 5ème position dans le classement des 61 lames d’eau estivales rangées de la plus importante à la plus faible. En première place de cette liste, la saison estivale 1963 garde une confortable avance avec 484 mm, suivent ensuite les étés 1977, 1951 et 1947. A Bron, on décompte 6 étés plus arrosés que ce dernier depuis au moins 1921 ; là encore, le champion 1963 n’a pas été inquiété, tout comme celui des années 1927, 1960, 1977, 1992 et 1951. Seul le cumul de l’été 1977 dépasse celui de 2007 au Breuil ; les relevés de cette station ne débutant qu’en 1969. Orages faisant, on trouve localement des lames d’eau bien plus importantes, comme à Montmelas où la famille Mathieu enregistre les précipitations de grand-père en petit-fils depuis 1928. En ce lieu, il est tombé 467 mm de juin à août, jamais, de mémoire d’archives, il n’avait tant plu en été depuis au moins 1928. Depuis le début de l’an, certains postes (par exemple St-Rambert-sur-Loire) ont d’ores et déjà dépassé de plus de 100 mm le cumul annuel des années -complètes- les plus sèches comme 1997 ou 1991. Voici les cumuls millimétriques, éventuellement suivis de leur rapport à la normale pour le mois de juillet : Andrézieux 129,0 / 202 %, Balbigny 147,0 / 231 % (94.8 mm et 130% pour le mois de juin), Montrottier 133,7 , Villerest 94,2 , Riorges 89,6 / 140 %, Bully 116,0 / 192 %, Montchal 176,3 , Violay 146,1 / 183 %, St-Etienne 117,0 , St-André 131,9 , Corbas 111,1 / 179 %, Villefranche 80,9 / 124 %, Montmelas 119,3 / 162 %, Anse 86,6 , Ecully 112,2 , Bron 120,2 / 194 %, Feurs 130,5 , Feurs Randan 139,3 / 224 %, le Breuil 105,9 / 186 %, Les Sauvages 159,4 , St-Rambert 133,6 , Leigneux 130,2 , Satolas 87,0 , Pommiers-en-B. 86,0 / 125 %. Ces mêmes cumuls et pourcentages pour le mois d’août : Andrézieux 120,8 / 172 %, Balbigny 147,9 / 214 %, Montrottier 150,0 , Villerest 132,2 , Riorges 140,7 / 208 %, Bully 113,7 / 171 %, Montchal 151,8 , Violay 144,8 / 181 %, St-Etienne 123,9 , St-André 146,7 , Corbas 140,2 / 203 %, Villefranche 145,8 / 202 %, Montmelas 174,5 / 256 %, Anse 137,0 , Ecully 170,1 , Bron 118,2 / 171 %, Feurs 149,5 , Feurs Randan 154,7 / 229 %, le Breuil 150,5 / 218 %, Les Sauvages 161,1 , St-Rambert 119,1 , Leigneux 119,4 , Pierre-Bénite 144,2 , Satolas 89,2 , Pommiers-en-B. 172,4 / 244 %. Et enfin les bilans millimétriques de l’été : Andrézieux 317,4 / 154 %, Balbigny 389,7 / 192 %, Montrottier 379,0 , Villerest 351,3 , Riorges 376,8 / 185 %, Bully 338,2 / 170 %, Montchal 462,3 , Violay 401,6 / 164 %, St-Etienne 374,3 , St-André 398,3 , Corbas 352,3 / 169 %, Villefranche 409,8 / 190 %, Montmelas 467,1 / 211 %, Anse 388,6 , Ecully 401,1 , Bron 342,2 / 165 %, Feurs 342,0 , Feurs Randan 363,0 / 183 %, le Breuil 345,5 / 175 %, Les Sauvages 485,6 , St-Rambert 319,5 , Leigneux 331,7 , Satolas 284,4 , Pommiers-en-B. 379,7 / 182 %.
Pluie un jour sur deux.
La hauteur totale de pluie ne suffit pas à caractériser correctement une saison ; en effet, il aurait pu il y avoir 3 ou 4 épisodes pluvieux particulièrement intenses, si ceux-ci avaient été espacés de grandes périodes ensoleillées l’été n’aurait pu être qualifié de pourri. Un bel exemple de ce dernier type d’été est celui de 1947 : on a vu qu’il a été -à Andrézieux- plus pluvieux que celui que nous venons de vivre, mais il a aussi été très chaud et ensoleillé. Intéressons-nous alors au nombre de jours de pluie durant cet été 2007. Là encore, il convient de bien préciser les choses : qu’entend-on par « jour de pluie » ? Il s’agit en fait des jours où il a plu 1 millimètre ou plus. Les jours à moins de 1 millimètre ne peuvent pas être taxés à coup sûr de jour de pluie car une rosée très abondante peut donner à elle seule 0.5 à 0.7 mm. De début juin à fin août 2007, on dénombre 38 jours de ce type à Andrézieux. Au regard de ce critère, l’été 2007 devient alors le champion de sa catégorie ; l’été 1963 n’avait compté que 37 jours de cet acabit. A Bron, on ne compte cette année « que » 34 jours de pluie, ce qui fait tout de même un peu plus d’un jour sur trois, c’est à 3 longueurs du record de 1963. Au Breuil, on monte à 40 jours de pluie et c’est une première depuis au moins 1969. D’autres stations forcissent encore le trait : 40 jours de pluie à Anse, 41 à Villefranche, 43 à Montmelas, 44 aux Sauvages et à Tarentaise dans le Pilat, 47 à Violay soit plus d’un jour sur deux. Pour l’été 1947, on ne décompte à Andrézieux que 18 jours de pluie pour 340 mm d’eau.
Du soleil à l’ombre.
Pluie quasi permanente, températures maximales en pleine déprime… A qui la faute ? Aux nuages évidemment ! Ce sont eux qui amènent les gouttes et qui limitent le réchauffement diurne. Le manque d’ensoleillement est incontestablement, avec le nombre de jours de pluie, le fait marquant de cet été des limaces. L’héliographe d’Andrézieux ne cumule que 630 heures de soleil durant ces 92 jours ; c’est bien peu : pas moins de 130 heures de déficit sur la normale de ce lieu. Cent trente heures représentent environ 10 jours estivaux de plein soleil. Il faut remonter à l’été 1987 pour trouver un aussi piètre ensoleillement ; l’été le plus lumineux, toujours à Andrézieux, est celui de 1991 avec 905 heures. Hors de cette grisaille généralisée (dans laquelle le mois de mai 2007 trouve avantageusement sa place) il est un mois qui jubile, un mois qui habituellement ne fait jamais parler de lui... il s’agit d’avril. Cette année, à Bron, les Sauvages et st-Exupéry il est, pour l’instant, le mois le plus ensoleillé de l’année, malgré sa proximité de l’équinoxe et son faible nombre de jours. Conservera-t-il son maillot jaune couleur soleil jusqu’en fin d’année ? Si tel est le cas, ce ne sera pas pour autant une première : l’exploit a déjà été réalisé en 1997.
A Violay le 4 septembre 2007. M. Gagnard m.gagnard@univ-lyon1.fr http://perso.orange.fr/meteolyonnaise/indexclim.htm