Septembre 2007
L’automne est bien là.
Le premier mois de l’automne météorologique 2007 ne marque pas de franche rupture avec ses deux prédécesseurs ; effectivement, il affiche de partout un déficit de température moyenne allant de -0.5° au Breuil à -1.4° à Andrézieux en passant par -0.6° à Bron, -0.9° à Villefranche, -1° à Violay et -1.2° à Feurs. Septembre est donc le troisième mois consécutif à température moyenne inférieure à la normale.
Du côté du pluviomètre, les bilans sont nettement plus contrastés. D’une manière générale, le mois est plutôt sec dans le Val de Saône, le pays de l’Arbresle et l’agglomération lyonnaise. A Bully par exemple, le déficit millimétrique est très marqué puisque le pluviomètre de Mr Blotas ne recueille que 37.8 mm soit 52% de ce qu’on est en droit d’attendre en septembre. En Plaine du Forez et Bassin Roannais l’arrosage est juste conforme à la moyenne, voire sensiblement supérieur à Feurs. Sur les monts de Tarare et du Beaujolais, la lame d’eau mensuelle dépasse la normale de 20 à 30%, le surplus atteint 50% dans le Pilat et davantage sur les crêtes des Monts du Forez (185 mm au col du Béal).
L’ensoleillement est correct ; il dépasse celui d’août dernier (il est vrai calamiteux) aux héliographes d’Andrézieux, des Sauvages, de Bron et de st-Exupéry. Avril n’a plus guère de soucis à se faire : il restera le mois le plus ensoleillé de cette année 2007.
Une première quinzaine à rosée.
Durant toute la première moitié du mois, la région bénéficie d’un temps agréable -à défaut d’être chaud- avec un soleil enfin retrouvé. La persistance de vents de nord rend les matinées plutôt fraîches, à Violay on remarque très localement quelques traces de gelée au sol au matin du 5. Malgré un soleil généreux, les températures des après-midi restent bien en dessous des valeurs de saison. La moyenne des maximales de cette première décade est acceptable en plaine et fonds de vallées (21.4° au Breuil, 20.8° à Feurs Randan et Villefranche, 20.2° à St-Etienne-la-Varenne), mais devient vite frisquette lorsqu’on prend de l’altitude : 18.6° à Pomeys, 15.5° aux Sauvages, 14° à Violay Matagrin, 11° au col du Béal. Du 10 au 15, un réchauffement s’opère et nous retrouvons des températures dignes d’une mi septembre.
Les pluviomètres ne sont guère sollicités lors de cette première quinzaine : il ne tombe pas la moindre goutte de pluie si on excepte le petit abat du 3 qui donne au mieux 2 mm. En météorologie, il n’y a pas que les précipitations proprement dites qui sont capables de donner une hauteur d’eau, il y a aussi la rosée. A Violay, le cumul d’eau donné par la seule rosée atteint 2.4 mm lors des 15 premiers jours du mois, c’est davantage que la pluie qui ne fournit que 1.6 mm. Le temps se réchauffe brusquement le 16 ; les maximales touchent alors des niveaux estivaux, on mesure ce jour là : 29.3° à Pierre-Bénite et Feurs Randan, 29° à Feurs, 28.9° à Bron, 28.5° à Anse, 28.4° à Andrézieux, 28.3° au Breuil, 28.2° à Pommiers-en-Beaujolais ainsi qu’à Villefranche, 28.1° à Montchal, 26.9° à Pomeys, 25.1° à Violay à flanc de coteau, 24.9° à St-André, 24.6° sur la bute de Montmelas, 23.3° sur la crête du Pouet aux Sauvages, 21.5° à Violay Matagrin, 20° au sommet du mont St-Rigaud.
Une seconde quinzaine arrosée.
Cette poussée chaude, produite par une dépression atlantique, traduit un changement de temps qui se matérialise le lendemain par l’arrivée d’un corps orageux sur le secteur. La lame d’eau de la journée du 17 (mesurée comme toujours du 17 à 8h au 18 à 8h) est assez fluctuante d’une commune à une autre : 9.9 mm à St-André-la-Côte, 13.1 à Villerest, 16.1 à Pommiers-en-B., 19.4 à Craintilleux, 19.5 à Feurs, 24.9 à Montchal, 27.3 à Violay, 30.5 à Montmelas, 31 à St-Etienne. Une fois le front froid passé, la descente de nord qui s’ensuit fait de nouveau plonger le thermomètre matinal, le poste du Sapt à St-Genest-Malifaux enregistre une gelée sous abri conséquente le 20 avec -3.1°. Cette station météo particulière, implantée dans un trou à froid du plateau génésien et dont les relevés quotidiens sont publiés tous les mois dans la revue de l’Association Météo d’entre Rhône et Loire, ne signe pas ce jour sa première gelée de l’automne, loin s’en faut. Cette année comme en 2006, seul le mois de juillet n’a jamais connu le gel. Après ces jours froids, le répit est de courte durée, les pluies sont quotidiennes du 22 au 29 dans bon nombre de stations. En l’espace de ces 8 jours, la Plaine du Forez reçoit environ 50 mm, 75 à 80 sur les montagnes du Matin, une grosse centaine sur le Pilat et 149 au col du Béal. Seule la partie est et sud-est du Rhône reste un peu à l’écart de ces pluies (32.2 mm de cumul à Villefranche).
La dernière goutte est froide.
La cause de ces intempéries est un air particulièrement froid en altitude qui déstabilise l’atmosphère. Dès le 25, une dépression norvégienne s’associe à une dorsale de l’anticyclone des Açores s’étirant jusqu’en Islande, pour impulser sur le pays une descente d’air venu directement des régions polaires. Le radiosondage de st-Exupéry mesure les 26 et 27 des températures de -25° à 5500 m d’altitude, une zone à -30° se balade de l’ouest du Massif Central aux Pyrénées. Le 27, l’alimentation froide est coupée, et l’immense poche d’air froid au bien-trop-modeste nom de « goutte froide» est isolée sur la France. La météo de ce jeudi 27 est épouvantable, principalement sur les hauteurs : il fait froid, il pleut toute la journée, un vent de nord-est impose une sensation de plein hiver ; plein hiver qui est de mise au dessus de 1100 m, là où les premiers flocons de l’automne remplacent les gouttes de pluie. Evidemment, de la neige fin septembre au dessus de 1100 m d’altitude n’est pas extrêmement rare dans notre région ; on l’a parfois vue plus tôt en saison et plus bas en altitude : souvenons-nous du 13 septembre 1998 ; c’était un dimanche, lors d’une averse dans l’après-midi, quelques flocons se mêlaient à la pluie à Violay vers 800 m et il neigeait abondamment au sommet de la commune entre 900 et 1000 m. Le fait marquant -et rare- de cette année est que la neige tient au sol dès 1200 m d’altitude. Le crêt de l’Oeillon est recouvert d’une épaisseur de 5 cm et d’après le personnel de la base militaire, la couche atteint largement 10 cm à Pierre-sur-Haute. Si la neige du Pilat disparaît rapidement le lendemain vendredi, celle des Monts du Forez subsiste encore au sommet jusqu’à samedi après-midi. La persistance de cette couche durant 48 heures est très rare en septembre, il semble qu’il faille remonter au 23 septembre 1979 ou au 20 septembre 1977 pour trouver une configuration analogue. La température maximale de jeudi 27 bat évidemment de plusieurs degrés le précédent record bas pour un 27 septembre. A Bron, depuis au moins 88 ans de mesure, on ne trouve que deux maximales plus basses en septembre. Voici la liste de ces maximales en degrés centigrades, on constatera une remarquable décroissance avec l’altitude ce qui n’est guère surprenant sous une dépression et avec une insolation nulle : Pierre-Bénite 11.1, Bron 11, St-Etienne-la-V. 10.8, Villefranche 10.7, Anse et le Breuil 10.5, Pommiers-en-B. 10.3, Satolas Feurs Randan et Ecully 10, Feurs 9.8, Andrézieux et Montmelas 9.2, St-Etienne 8.1, Pomeys 7.7, Montchal 7.3, Violay 6.5, les Sauvages 6.3, St-André 6.2, St-Rigaud 5.5, Violay Matagrin 5.2, col du Béal 2.2.
Terminons par la traditionnelle liste des totaux millimétriques des précipitations, totaux éventuellement suivis du rapport à la normale : Andrézieux 75,6 / 99 %, Balbigny _ / _ %, Montrottier 80,3 , Villerest 72,8 , Riorges 74,6 / 109 %, Bully 37,8 / 52 %, Montchal 113,0 , Violay 108,6 / 118 %, St-Etienne 114,4 , St-André 74,8 , Corbas 61,3 / 69 %, Villefranche 58,6 / 77 %, Montmelas 69,3 / 82 %, Anse 64,8 , Ecully 88,2 , Bron 56,8 / 64 %, Feurs 68,0 , Feurs Randan 75,9 / 110 %, le Breuil 44,5 / 60 %, Les Sauvages 110,6 , St-Rambert 59,0 , Leigneux 66,7 , Pierre-Bénite 75,4 , Satolas 64,4 , Pommiers-en-B. 56,8 / 77 % , Craintilleux 76,3.
A Violay le 3 octobre 2007.
M. Gagnard