retour au sommaire.

 

Février 2007. 

Une croix sur l’hiver.

 

Les saisons météorologiques ne coïncident pas avec les saisons de notre calendrier. Pour ces dernières, le découpage est bâti à partir de considérations astronomiques : le passage de l’hiver au printemps se fait durant l’époque où la durée du jour croît et à l’instant où le centre du soleil passe dans le plan équatorial terrestre. Cet événement aura lieu cette année le 21 mars à 1h 07 min du temps légal français. Cette date de début de printemps astronomique (ou civil) ne tombe pas à un jour fixe dans notre calendrier grégorien : depuis 1797, elle a voyagé entre le 20 et le 21 mars ; de 1582 à 1796, on l’a rencontrée vingt-et-une fois le 19 mars, on ne la reverra pas à cette date avant 2044. On a donc le temps d’en reparler.

Les saisons météorologiques sont distinguées de manière moins scientifique : l’hiver comporte les trois mois civils les plus froids en moyenne (à savoir décembre, janvier et février dans l’hémisphère nord), l’été regroupe les trois mois traditionnellement les plus chauds (juin, juillet, août), printemps et automne s’intercalent entre ces deux saisons.

L’hiver 2006-2007 est donc terminé ; il a apporté une nouvelle preuve que, sous nos latitudes, deux mêmes saisons peuvent être fort dissemblables d’une année sur l’autre, cette extrême variabilité est bien la caractéristique principale de notre climat tempéré.

Février 2007 s’impose comme une montagne de douceur : à  Villefranche, il est le second plus doux en température moyenne depuis au moins 1959, même position au Breuil depuis au moins 39 ans, il se classe 4ème à Bron ainsi qu’à St-Genis-Laval où les mesures fiables ont débuté en 1881.

Avec des mois de décembre et janvier derniers largement au dessus de la moyenne, l’hiver 2006-2007 est, à St-Genis-Laval, le plus doux depuis la création de l’observatoire, en 1881. Jamais on n’y avait enregistré de si haute moyenne des minimales sur les trois mois d’hiver, même constat en ce qui concerne la moyenne des maximales.

4 jours frais.

La neige tombée fin janvier subsiste facilement au dessus de 500 m environ les premiers jours du mois. Le premier, on enregistre à Violay Matagrin le seul jour sans dégel de ce février avec une maximale tout juste négative : -0.1°. L’alimentation en air froid venu du nord-est est stoppée le 4 ; à partir de ce jour et jusqu’en fin de mois, le courant général sera orienté à l’ouest ou au sud-ouest, les températures -tant minimales que maximales- seront d’un excellent niveau sans toutefois battre de records quotidiens. Si l’on a au final un mois très doux, c’est grâce à une remarquable constance du thermomètre ; février, d’habitude si fantasque, ne réédite pas par exemple ses excès de 1958, 1960 ou 1990 où le thermomètre avait largement dépassé les 20 degrés aussi bien en plaine que sur les monts.

24 jours printaniers.

Les températures maximales sont remarquables tout au long du mois : à l’abri du courant d’ouest, et servie par un petit effet de foehn persistant, Villefranche totalise 24 jours à maximale supérieure à 10°. On en dénombre encore 16 au bourg de Montmelas à 510 m d’altitude, 9 aux Sauvages à 830 m et tout de même 4 au sommet du Rhône, au mont Saint-Rigaud à 1010 m d’altitude sur la commune de Monsol. Vendredi 16, sous un ciel uniformément ensoleillé, les contrastes thermiques sont étonnamment importants : sur la commune de Violay, on note 18.2° de maximum à la station proche de la mairie, tandis que, à la même altitude mais de l’autre côté de la ligne de partage des eaux, la maxi ne monte qu’à 12.4° ; durant cet après-midi, on enregistre 16.8° à 1000 m à la tour Matagrin et seulement 10.9° aux Sauvages à 8 km de distance et 170 m en contrebas. Ce même jour, le poste du Sapt à St-Genest-Malifaux dans le Pilat passe d’une minimale de -9.1° à une maximale de 18.5°. Les 20 degrés n’ont pas encore été atteints en cette fin d’hiver ; voici la liste de la plus haute température (en °c) relevée en ce février 2007, on constate que cette maximale mensuelle n’est pas corrélée avec l’altitude : Ecully et Pierre-Bénite 19.3, Montchal 19.2, St-Genis-Laval  et St-Genest-Malifaux 19, Feurs 18.7, Riorges et Anse 18.5, Villefranche et Violay mairie 18.4, Feurs Randan 18.2, Corbas 18.1, Bron 18, Satolas 17.9, Bully 17.8, Craponne 17.7, Andrézieux et le Breuil 17.6, Tarentaise 17.5, St-Genest-Malifaux la République 17.4, Pommiers, Leigneux et Violay Matagrin 16.8, St-Etienne-la-Varenne 16.2, Pomeys 16.1, Montmelas 14.9, col du Béal 14.5, mont Saint-Rigaud 14.2, St-André-la-Côte 13.6, crêt de l’Oeillon 13.4, Violay et les Sauvages 13.2, Doizieux la Jasserie 12.9.

A l’ouest toute !

Si le flux général est à l’ouest, c’est que des zones de basses pressions recouvrent le nord-ouest de l’Europe : de l’Islande à la Norvège, tandis que règne un anticyclone sur le nord de l’Afrique. Les lignes isobares (lieux d’égale pression) sont alors orientées de manière zonale sur notre pays. Ces dépressions récurrentes sur le nord de l’Atlantique nous envoient périodiquement des perturbations pluvieuses promptes à inonder les contreforts ouest du Massif Central. En Corrèze, à St-Yriex-le-Déjalat, ce mois de février enregistre en effet un cumul de 300 mm ! Cumul qui vient s’ajouter aux 226 tombés en janvier ; faites le calcul : déjà 526 mm en 2 mois dans ce secteur. Chez nous, ces chiffres paraissent totalement déraisonnables, surtout en hiver. Il est même des lieux –dans le sud de la Plaine du Forez- où le pluviomètre n’est guère chargé ce mois ci : seulement 18.8 mm à Andrézieux (soit à peine 60% de la moyenne pour un mois de février) et même 15.2 mm à St-Rambert. Cette remarquable sécheresse localisée est assez classique en régime d’ouest ou de sud-ouest hivernal : ces deux localités étant bien abritées par les monts du Forez. En contrepartie, le Val de Saône est copieusement servi avec près de 160% de la normale à Pommiers-en-Beaujolais.

Une chose cependant reste commune à tous les postes de notre région : le nombre relativement élevé de jours de pluie ; on en compte tout de même une dizaine à St-Rambert et 13 à Andrézieux. Sur les monts du Lyonnais et Beaujolais, ce total atteint 17 à 18 unités.

Voici le cumul millimétrique mensuel, éventuellement suivi du rapport à la normale en pourcent : Andrézieux 18,8 / 59 %, Balbigny 37,7 / 98 %, Montrottier 66,0 , Villerest 36,8 , Riorges 29,2 / 76 %, Bully 37,9 / 98 %, Montchal 56,8 , Violay 67,8 / 115 %, Violay mairie 63,3 , St-Etienne 29,6 , St-André 63,6 , Corbas 50,9 / 101 %, Villefranche 52,1 / 122 %, Montmelas 65,6 / 113 %, Anse 59,1 , Ecully 51,9 , Bron 47,0 / 93 %, Feurs 29,0 , Feurs Randan 35,3 / 111 %, le Breuil 43,6 / 97 %, Les Sauvages 63,2 , St-Rambert 15,2 , Leigneux 47,2 , Pierre-Bénite 50,5 , Satolas 49,8 , Pommiers-en-B. 61,4 / 159 %.

A Violay le 6 mars 2007.

M. Gagnard

m.gagnard@univ-lyon1.fr

http://perso.orange.fr/meteolyonnaise/indexclim.htm