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Février 2002
Les caprices thermiques de février.
Au regard des séries climatologiques de ces soixante dernières années de notre région – et plus largement de celles d’Europe occidentale- février apparaît comme le mois le plus fantasque.
Février peut être glacial, celles et ceux qui n’ont pas vécu celui de 1956 en ont certainement entendu parler : sa température moyenne a été de –7.6° à St Etienne Bouthéon ; mais février sait aussi se montrer printanier, souvenons-nous de celui de 1990 où, au même endroit, la température moyenne atteignait 9.9°. Cet écart de 17.5° entre le plus froid et le plus chaud ne se rencontre pour aucun des onze autres mois de l’année. A l’opposé de février, le mois le plus régulier est celui de juin : seulement 5.6° d’écart entre le plus chaud (19.6° en 1950) et le plus frais (14° six ans plus tard).
Abandonnons les moyennes mensuelles et intéressons-nous aux températures quotidiennes extrêmes enregistrées lors de mois de février. Le jour de février le plus froid a été le samedi 11 de l’année 1956, le thermomètre placé dans l’abri météorologique de la station de Bouthéon avait affiché ce jour-ci –22.5° ; trente quatre ans plus tard, le samedi 24 février 1990, ce même thermomètre grimpait à 23.2°. Là encore, aucun autre mois ne possède un tel écart (45.7°) entre son minimum le plus bas et son maximum le plus élevé ; heureusement pour notre végétation, imaginez un tel écart en juin, juillet et août : comme les maxima y sont de l’ordre de 35 à 40°, cela signifierait des minima aux environs de –5 à –10° ! Or un seul jour a vu le gel sous abri à St Etienne durant ces trois mois : il s’agit du samedi 3 juin 1962 avec –0.6°.
On peut aussi vivre d’incroyables écarts de température au sein d’un même mois de février, celui de 1948 par exemple : le samedi 3 (encore un !), avec ses 20.1° de maxi, bars et cafés avaient certainement rempli les terrasses. Vingt jours plus tard, on relevait –19.8°. Un seul mois réalise une amplitude encore plus importante, il s’agit de janvier 1971 : 14.7° le 23 mais –25.6° le 4, un samedi bien entendu…
La douceur revient.
Après les mois de novembre et décembre 2001 particulièrement froids, celui de janvier tout juste normal en plaine et vallées, février 2002 nous apporte un éclat de printemps.
En effet, cette année, ce dernier mois de l’hiver météorologique n’est certes pas à ranger aux côtés de celui de 1956, il se place bien au contraire dans le peloton de tête des plus doux. Plus exactement il se situe, à St Etienne Bouthéon, en septième position dans la liste des févriers les plus cléments si le critère de classement est la température moyenne mensuelle. La performance de ce mois augmente considérablement si on raisonne sur la moyenne mensuelle de la température minimale (c’est-à-dire la moyenne de ses 28 minima quotidiens), cette moyenne atteint cette année 3.6° à Bouthéon, ce qui constitue la troisième moyenne la plus élevée depuis au moins 1947, seuls les févriers de 1966 et 1990 ont été plus doux. Pour comparaison, la moyenne des minima de février 1956 est de –12.8° et celle de 1990 atteint 4.6°.
La conséquence de ces températures minimales élevées est le faible nombre de jours avec gel, c’est à dire le nombre de jours où la température sous abri est passée en dessous de zéro. Ce dernier février en compte seulement 3 à Bouthéon, 4 à Feurs et 11 aux Sauvages et à Violay ; ce petit score de Bouthéon est assez exceptionnel puisque seul février 1990 en compte moins (2), un février classique en comporte 14, celui de 1956 en contient 29. Le nombre de jours sans dégel, c’est à dire lorsque la température ne passe pas au dessus de 0° durant toute la journée, est tout simplement nul en plaine et vallées, on en compte deux sur la crête ventée des Sauvages.
Une première quinzaine au balcon.
La bouffée de douceur apparue fin janvier s’étale en s’atténuant sur presque toute la première moitié de ce mois. L’après-midi du 2 est le plus chaud pour tous les postes du secteur, aussi bien ceux de montagne que ceux de plaine et vallées, on relève ce jour là des maxima de 19.3° à Bully, 19.2° au Breuil ainsi qu’à Feurs, 19° à St Symphorien-sur-Coise, 18.2° à Andrézieux-Bouthéon, 15.7° à Violay, 15.6° aux Sauvages. Ces maxima sont évidemment anormalement élevés pour un 2 février, mais restent toutefois en retrait des records ; en revanche, la température moyenne (la demi somme du maxi et du mini) établit un nouveau record à Andrézieux et ce pour les journées du 2 et du 3 avec respectivement 12 et 13.4°, soient des valeurs banales d’une deuxième quinzaine de mai.
La matinée du 3 affiche encore une étonnante douceur, la température minimale de ce jour s’élève à 7.4° aux Sauvages, 7.5° à Violay, 10° à Feurs et même 11.4° à Andrézieux ; cette dernière valeur constitue un record haut en ce lieu et pour un 3 février.
Toujours une certaine sécheresse.
Février 2002 a, comme on vient de le constater, mis un terme à trois mois de froidure, il n’a pas gommé pour autant le déficit hydrique accumulé depuis début novembre. Il est vrai qu’une sécheresse durant les mois d’hiver n’est pas très importante pour le monde végétal en sommeil, d’autant plus qu’avec le froid, l’évaporation est minime : la moindre goutte tombée humidifie le sol très longtemps. Il n’empêche que le cumul de pluie depuis le premier novembre n’atteint que 89.4 mm à Andrézieux pour une normale de 164 mm. D’ailleurs on remarque à l’échelle nationale et depuis un an environ, une énorme disparité de précipitations entre le Nord –périodiquement soumis aux inondations- et le Sud qui sort de l’automne-hiver le plus sec depuis bien longtemps.
Les cumuls mensuels des localités du secteur restent encore ce mois ci inférieurs à leur normale : 50.8 mm aux Sauvages, 50.2 à Violay, 49.7 à Montrottier, 49.5 à Montchal, 42.5 à St Symphorien-sur-Coise, 38 au Breuil, 37.9 à Balbigny, 35.3 à Bully, 26.4 à Andrézieux, 24.5 à Feurs. Malgré la faiblesse de ces hauteurs, le nombre de jours avec pluie (à savoir le nombre de matins où le pluviomètre indique une hauteur d’eau supérieure ou égale à 0.1 mm) reste important : 21 jours à Violay et aux Sauvages, 17 à Montchal, 10 à 12 entre Feurs et Andrézieux. L’ensoleillement de ce mois de février est d’ailleurs assez médiocre, c’est entre autres grâce à cette omniprésente couverture nuageuse que les températures nocturnes sont restées aussi élevées ; les héliographes mesurent 77.4 heures de soleil à Andrézieux et 63.8 aux Sauvages soit un déficit d’une petite quinzaine d’heures. Ne nous plaignons pas, nous avions été particulièrement gâtés durant janvier dernier : 113.5 heures à Andrézieux et 119 aux Sauvages.
Mes remerciements à Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Subrin (Le Breuil), Thizy (St Symphorien-sur-Coise).
A Violay le 4 mars 2002.
M. Gagnard
Contact : gagnard@univ-lyon1.fr