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Au marché

Par Pierre Bonhomme

 

--Ohhh ! Bonjour Fifine !

Mmh mmh

--Ah ben dis-don si j’m’attendais à toi ?! Comment tu vas ? T’es descendue faire le marché ? J’étais loin de penser à toi, je brogeais à ce qu’il fallait acheter et je me disais que je pourrais pas tout remonter sur mon vélo tout dégazimelé parce que le mien y veux jamais descendre, et y’a trop de monde, et y pleut, et y fait froid, y’a toujours quèque chose, enfin baste tu vois le tableau ! Et toi ? Ça va ? T’as pris le petit avec toi ? Il a la canille bausseigne ! Ah y fait froid on se croirait déjà à la toussaint, y’a plus de saison, on sait jamais comment s’habiller avec ces temps. Ça lui fait quel âge à ton matru ?

--5 ans, l’année prochaine y va à la grande école.

--M’en parle pas, mon dernier il est déjà chez monsieur Untel, je me rappelle jamais si c’est en cm1 ou cm2, de mon temps, c’était pas comme ça, et pi on comprend plus rien à ce qui z’apprennent maintenant ! Plus rien j’t’dis ! Fou ben bon sang, chai pas c’qui vont devenir nos gamins mais y z’ont du souci à se faire, et pi nous aussi quand tu vois ça ! Et le tien, y t’as descendue en voiture ?

--Oui comme tous les mardis, et comment va la maman ?

--M’en parle pas ! C’est elle qui me fait broger. Elle est jamais contente MAIS JAMAIS CONTENTE ! Et y’a toujours quèque chose qui va pas, elle veut tout commander mais elle y voit pas assez clair, tu comprends ! L’autre jour, voilà t’y pas qu’elle prend idée d’aller aux champignons. A 9 h du matin ! Alors je lui dis c’est pas une heure pour y aller, les gens en reviennent ! Et pi, tu vas revenir à point d’heure, reste don là pour m’aider à éplucher les patates pour le dîner. Le Glaude va arriver à midi, y’aura rien de fait surtout que ce jour-là, y m’en était arrivé ! Mais y m’en était arrivé ! Enfin j’te dis pas, pas ! Tiens toi bien, elle a voulu y’aller à tout prix ! Bien sûr comme elle y voit plus rien, elle m’a ramassé des champignons qu’on connaît même pas, mais point de bons ! Et pi alors, y’a fallu qu’elle passe les barbelés comme dans l’temps, elle est rentrée toute essampillée ! Et elle avait trouvé rien de mieux que de mettre son joli basanon bleu qu’je lui avais acheté pour la fête des mères. C’est comme le papa, y m’fait tirer peine, il a plus le goût à rien, y mange comme un pillot, c’est pas dieu possible ! Ah ! Tu sais, fait pas bon venir vieux !

A voix basse :

--Mman, mman ! On s’en va, dis mman on s’en va !

--Je vois que ton mimi te tiranche, ah ! y sont impatients les gosses, pas ? !

--Soit sage Robert, y’a longtemps que j’ai pas vu la Marie, tu comprends on discute un peu

--Et tout le monde vont bien, chez toi, oui ! Allez Fifine bien des choses à la maison

Mmh mmh.

 

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