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C'était en septembre, à Feurs, le lundi des Courses1 : la Marthe et la Denise prenaient le thé en barbelant ...

 

 On était après prendre le thé et pis j'voyais ben déja d'puis un moment qu'ça tramachait vilain du côté d'Boën, alors j'dis : "apinchez don du côté d'Boën : vous croyez qu'ça veut faire "? "pensez-vous : ça veut rien faire du tout" qu'elle me répond la Marthe... "Ah bon ? et à quoi qu'vous-y voyez qu'ça veut rien faire ?" que j'lui demande. " Ben parc'que ça vient de Boën, et quand ça vient de Boën, ça fait rien... Quand ça fait, c'est quand ça vient de Montbrison.

- Ah bon et vous y croyez vous à ces histoires ? "

- Mais c'est pas rien des histoires ! c'est vrai, le père a toujours dit ça, et il le tenait de son père ... "

C'est qu'le lundi, c'est mon jour de buille et j'ai tout mon linge dehors après sècher. Alors bon, ça m'émaillait d'aller le ramasser surtout qu'il était pas encore sec ; on continue de boire le thé quand tout par un coup y a eu une de ces craquées ! ça m'a essoriée, j'ai pas eu le temps de me lever d'la chaise qu'il en tombait comme vache qui pisse ! Et ben tant pis qu'j'ai dit, j'veux pas aller chercher mon linge ménant ! Après, i s'est mis à faire du vent, ça a tellement tirampillé le linge, qu'ça a fini par m'arracher mon basanon et mon devanti de l'étendage, ça les a traînés par terre et dans les ronces, bref i-z-étaient tout essampillés ! Le devanti : baste encore, mais mon beau basanon rouge qu'j'avais ach'té pour l'comice2 l'année passée : juste bon à donner au pati qu'il était ! Ca m'a fait marronner.

J'savais ben qui fallait pas y croire à ces histoires de Boën ou Montbrison, moi la seule chose que j'sais (et ça c'est franc vrai) c'est qu'le jour des Courses à Feurs i pleut toujours !

 

1) Courses hippiques.

2) Comice agricole de Feurs : manifestation plus que centenaire (en Mars).